Monsieur Climat
« Le retrait américain [offre à Macron] une chance inespérée de prendre le leadership mondial sur ce terrain et d’en tirer un profit pour la France et pour sa propre image. »
Le septembre, à Johannesburg en Afrique du Sud, Jacques Chirac avait été le premier chef d’Etat d’un grand pays à tenter de réveiller le monde sur le réchauffement climatique en lançant : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Les actes n’avaient pas suivi. Le décembre , François Hollande obtenait, lui, le seul vrai succès de son quinquennat avec la COP et la signature du Traité de Paris approuvé par pays. L’objectif y était chiffré : contenir le réchauffement climatique en dessous de ° « par rapport aux niveaux préindustriels ». Deux années ont passé. Donald Trump a rayé la signature américaine au bas de cet accord dont le but final est, en outre, compromis : tout indique que la planète devrait connaître un réchauffement de ,° d’ici à la fin du siècle. Bref, un constat d’échec. A son tour, Emmanuel Macron s’empare du sujet « pour sauver la planète ». C’est pour cela qu’il organisait, hier à Boulogne-Billancourt, un sommet rassemblant une cinquantaine de chefs d’Etat et des représentants de pays. Ne soyons pas dupe, le Président a compris que le retrait américain lui offrait une chance inespérée de prendre le leadership mondial sur ce terrain et d’en tirer un profit pour la France et pour sa propre image. Bien vu et bien joué. Sur le fond, le chef de l’Etat tire les leçons de l’inefficacité de l’accord de Paris. Comme toujours, les financements ne sont pas à la hauteur des bonnes intentions. C’est donc cette question qu’il a mis au centre des débats pour que les investissements publics et privés se concentrent sur les énergies renouvelables. Il a raison mais il faudra que les faits confirment les bonnes intentions. A cette occasion, la Banque mondiale a néanmoins donné le ton en annonçant qu’elle ne financerait plus la recherche et l’exploitation des hydrocarbures. Un premier pas. Il en faudra beaucoup d’autres pour mobiliser les milliers de milliards nécessaires à la réussite de cette transition énergétique. Il faudra aussi que la France devienne exemplaire pour qu’Emmanuel Macron en demeure le chef d’orchestre. Notre bilan est, en effet, médiocre : le solaire est en panne depuis dix ans et l’éolien avance plus lentement qu’ailleurs. Le président veut passer à l’offensive sur ces deux terrains. EDF sera l’un des accélérateurs de ce programme avec la promesse de produire, entre et , gigaWatts de solaire soit l’équivalent de réacteurs nucléaires. Reste à réussir le pari. On verra mais Emmanuel Macron a le mérite de parler vrai. En particulier sur le nucléaire. Pas de sortie accélérée du nucléaire en France car, rappelle-t-il à juste titre, cette énergie ne menace en rien le climat. Fermer des centrales nucléaires conduirait, de fait, à rouvrir des centrales à charbon ou au gaz, bref à pourrir le climat. Sur ce sujet, le Président a le grand mérite de s’opposer à tous les discours démagogiques.