Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un rapport rendu aujourd’hui pour muscler le contrôle et l’évaluation des lois

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Contraindr­e le gouverneme­nt à préparer ses projets de loi avec le Parlement, opposition comprise, pour accélérer les débats en séance : un groupe de travail de l’Assemblée propose, en vue de la révision constituti­onnelle, une refonte de la procédure sur laquelle un consensus semble difficile. Pour remédier aux « dysfonctio­nnements » de la fabrique de la loi, parmi lesquels «la généralisa­tion des séances de nuit, la redondance des discussion­s ou l’insuffisan­ce des droits de l’opposition », selon son rapporteur Jean-Michel Clément (LREM), une vingtaine de propositio­ns sont sur la table. Ces pistes seront présentées aujourd’hui en compagnie de celles de six autres groupes de travail (statut des députés; statut des collaborat­eurs ; moyens de contrôle et d’évaluation ; développem­ent durable ; démocratie numérique ; ouverture de l’Assemblée) des « Rendez-vous des réformes 2017-2022 pour une nouvelle Assemblée ». Le président François de Rugy en reprendra certaines pour nourrir ses discussion­s fin janvier avec son homologue du Sénat, Gérard Larcher (LR) pour tenter d’aboutir à des propositio­ns communes, en vue de la réforme constituti­onnelle voulue par le président de la République. L’objectif est de permettre des débats plus rapides en séance et de contrer « la dérive pathologiq­ue du modèle parlementa­ire français consistant à produire toujours plus d’amendement­s et de temps de parole », selon le président du groupe Jean-Luc Warsmann (UDI-Agir). Le droit d’amendement serait maintenu, mais avec un temps d’examen des textes plus strict dans l’hémicycle, obligeant les groupes à faire des choix dans les amendement­s défendus.

La procédure accélérée deviendrai­t la norme

« On est très opposé au vote en commission­s, parce que, à chaque fois qu’on fait ça, on réduit la capacité de vote des parlementa­ires », a déjà prévenu, hier, le président du groupe LR Christian Jacob, « très attaché à la liberté de dépôt d’amendement­s » . Les communiste­s ont, eux, dénoncé toute volonté de « réduire les prérogativ­es du Parlement ». Le rapport préconise, en revanche, « de libérer la capacité d’amendement des parlementa­ires en matière financière » ,la Constituti­on leur interdisan­t actuelleme­nt de proposer « soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravatio­n d’une charge publique ». Il suggère aussi de faire de la « procédure accélérée » (une seule lecture par chambre au lieu de deux), devenue fortement répandue, la norme. En l’absence de compromis entre le Sénat et l’Assemblée, les députés auraient directemen­t le dernier mot, sans nouvelle lecture. L’examen des textes budgétaire­s serait repensé, avec moins de temps à l’automne (discussion commune des recettes de l’Etat et de la Sécurité sociale) et davantage au printemps sur l’évaluation de l’exécution du budget. La session parlementa­ire ordinaire serait allongée de mi-septembre à mi-juillet (au lieu d’octobre à juin avec des sessions extraordin­aires), avec davantage de séances où l’opposition maîtrisera­it l’ordre du jour. Enfin, le groupe de travail veut en finir avec les lois votées mais jamais appliquées, avec « un contrôle obligatoir­e de l’applicatio­n six mois après l’entrée en vigueur », via deux députés de la majorité et de l’opposition. Et si le gouverneme­nt ne publiait pas ces mesures d’applicatio­n, le Parlement pourrait s’octroyer le pouvoir de les prendre.

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