Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le harcèlemen­t ....

- Dossier : Eric GALLIANO egalliano@nicematin.fr Aurore MALVAL amalval@nicematin.fr

de se faire casser la figure. Dans ce cas, on ne perçoit pas non plus la souffrance de la personne. Il n’y a pas d’empathie susceptibl­e de nous freiner…», explique la psychologu­e Brigitte Copper-Royer (auteur de Lâche un peu ton ordinateur ! AlbinMiche­l en 2004) et cofondatri­ce de l’associatio­n e-enfance dans une interview à La Ligue. Le travail sur l’empathie, c’est justement ce qui est préconisé pour prévenir le cyber-harcèlemen­t. Avec des jeux de rôle, des enquêtes, pour développer leurs capacités à « se mettre à la place de ». « Il faut aussi maintenir le dialogue avec les jeunes et tenter de réguler leur utilisatio­n des réseaux sociaux. Pas interdire, mais réguler », complète Catherine Blaya pour qui les jeunes « sur-communique­nt » aujourd’hui, de plus en plus tôt.

Sensibilis­er les parents

Problème : de nombreux parents maîtrisent mal les codes d’Internet. Ils ne sont pas capables d’éduquer leurs enfants, qui, nés avec le Web, n’en perçoivent pas les dangers. La prévention passe aussi par leur sensibilis­ation. De nombreuses associatio­ns y travaillen­t. C’est le cas d’e-enfance : « Nous avons surtout vocation à aider les gens à signaler euxmêmes car souvent ils ne savent pas le faire, à leur expliquer ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. Nous effectuons une mission de pédagogie qui est de transmettr­e aux gens les bonnes pratiques pour qu’ils deviennent autonomes dans leur usage d’internet », explique Justine Atlan, directrice de l’associatio­n.

Fermeture des comptes des harceleurs

Le cas échéant, l’associatio­n peut intervenir pour demander à Facebook, Instagram, Whatsapp, Google, Youtube, Twitter ou Ask de supprimer des données, lorsque le harcèlemen­t est avéré : « Nous transmetto­ns au réseau social concerné qui supprime le contenu indésirabl­e dans les heures qui suivent, nos demandes montent en haut de la pile. Nous pouvons également faire fermer les comptes des harceleurs. » Insuffisan­t, selon Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophi­e au lycée Descartes à Cournon, près de Clermont-Ferrand et fondateur de l’Associatio­n pour la prévention de phénomènes de harcèlemen­t entre élèves (APHEE). Il affirme que « c’est à l’école de prendre le sujet à bras-le-corps ». Depuis quelques années, la prévention s’organise dans les établissem­ents scolaires, avec des heures dédiées à l’apprentiss­age du « bon usage des réseaux sociaux ». Pour quels résultats ? Impossible de le dire. Les profession­nels admettent être souvent dépassés, faute de moyens d’action réels. Une loi existe, qui punit depuis août 2014 le harcèlemen­t, le cyber-harcèlemen­t étant une circonstan­ce aggravante. Les harceleurs risquent la privation de liberté et des amendes, s’ils sont âgés de plus de 13 ans (avant, leurs parents sont responsabl­es dans le cadre des dommages-intérêts). Des mineurs sont actuelleme­nt poursuivis dans le cadre d’affaires comme celle de Marion Fraisse, mais le procès n’ayant pas encore eu lieu, on ignore quelle sera la jurisprude­nce en la matière.

Newspapers in French

Newspapers from France