Le harcèlement ....
de se faire casser la figure. Dans ce cas, on ne perçoit pas non plus la souffrance de la personne. Il n’y a pas d’empathie susceptible de nous freiner…», explique la psychologue Brigitte Copper-Royer (auteur de Lâche un peu ton ordinateur ! AlbinMichel en 2004) et cofondatrice de l’association e-enfance dans une interview à La Ligue. Le travail sur l’empathie, c’est justement ce qui est préconisé pour prévenir le cyber-harcèlement. Avec des jeux de rôle, des enquêtes, pour développer leurs capacités à « se mettre à la place de ». « Il faut aussi maintenir le dialogue avec les jeunes et tenter de réguler leur utilisation des réseaux sociaux. Pas interdire, mais réguler », complète Catherine Blaya pour qui les jeunes « sur-communiquent » aujourd’hui, de plus en plus tôt.
Sensibiliser les parents
Problème : de nombreux parents maîtrisent mal les codes d’Internet. Ils ne sont pas capables d’éduquer leurs enfants, qui, nés avec le Web, n’en perçoivent pas les dangers. La prévention passe aussi par leur sensibilisation. De nombreuses associations y travaillent. C’est le cas d’e-enfance : « Nous avons surtout vocation à aider les gens à signaler euxmêmes car souvent ils ne savent pas le faire, à leur expliquer ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. Nous effectuons une mission de pédagogie qui est de transmettre aux gens les bonnes pratiques pour qu’ils deviennent autonomes dans leur usage d’internet », explique Justine Atlan, directrice de l’association.
Fermeture des comptes des harceleurs
Le cas échéant, l’association peut intervenir pour demander à Facebook, Instagram, Whatsapp, Google, Youtube, Twitter ou Ask de supprimer des données, lorsque le harcèlement est avéré : « Nous transmettons au réseau social concerné qui supprime le contenu indésirable dans les heures qui suivent, nos demandes montent en haut de la pile. Nous pouvons également faire fermer les comptes des harceleurs. » Insuffisant, selon Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie au lycée Descartes à Cournon, près de Clermont-Ferrand et fondateur de l’Association pour la prévention de phénomènes de harcèlement entre élèves (APHEE). Il affirme que « c’est à l’école de prendre le sujet à bras-le-corps ». Depuis quelques années, la prévention s’organise dans les établissements scolaires, avec des heures dédiées à l’apprentissage du « bon usage des réseaux sociaux ». Pour quels résultats ? Impossible de le dire. Les professionnels admettent être souvent dépassés, faute de moyens d’action réels. Une loi existe, qui punit depuis août 2014 le harcèlement, le cyber-harcèlement étant une circonstance aggravante. Les harceleurs risquent la privation de liberté et des amendes, s’ils sont âgés de plus de 13 ans (avant, leurs parents sont responsables dans le cadre des dommages-intérêts). Des mineurs sont actuellement poursuivis dans le cadre d’affaires comme celle de Marion Fraisse, mais le procès n’ayant pas encore eu lieu, on ignore quelle sera la jurisprudence en la matière.