Edouard Philippe s’engage sur l’Internet haut débit
Hier à Cahors, le Premier ministre a voulu rassurer les régions inquiètes : il leur a annoncé une enveloppe de 100 M€ pour lutter contre la fracture numérique
Internet à très haut débit partout d’ici à 2022, plan de revitalisation des centres-villes de cinq milliards d’euros en cinq ans, économies concentrées sur les grandes collectivités locales : Edouard Philippe a défendu, hier, à Cahors le plan du gouvernement pour les zones rurales et les villes moyennes, qui se sentent laissées de côté. La IIe Conférence des territoires – le forum de dialogue entre l’Etat et les collectivités de l’ère Macron – s’est tenu dans la préfecture du Lot, avec le gros de l’équipe gouvernementale : une douzaine de ministres, en plus du chef du gouvernement. La conférence s’est achevée dans la précipitation avec le départ d’Edourd Philippe sur les lieux de du dramatique accident entre un train et un car scolaire dans les Pyrénées-Orientales [lire en page précédente]. Principale annonce du gouvernement hier : l’Etat va mobiliser « plus de cinq milliards d’euros sur cinq ans » pour revitaliser les centresville délaissés par la population et les commerces de proximité. « Notre pays est confronté depuis des années à des vitrines fermées, des immeubles dégradés, des rues délaissées qui nourrissent un sentiment d’abandon aux lourdes conséquences», a souligné le locataire de Matignon.
« Pas de relation de défiance »
Le gros des discussions à huis clos de la conférence, entre gouvernement et élus, a tourné autour du pacte financier proposé par l’Etat aux grandes collectivités locales, dont certains élus, notamment à l’Association des maires de France, contestent le bien-fondé et les modalités. Au terme des échanges, l’exécutif a légèrement amendé son mécanisme de limitation à 1,2 % de la hausse de leurs dépenses, qui sera désormais un « pivot » pouvant varier suivant certains critères: démographie, pauvreté et économies déjà réalisées. Si les discussions ont été jugées globalement positives, l’agacement du gouvernement s’accroît à l’encontre de l’AMF, quand l’exécutif ne cesse de répéter que 99 % des maires ne sont pas concernés par le plan. Le président de l’AMF, l’ancien ministre LR François Baroin, a boudé la réunion et l’association est venue en simple « observateur ». « Ni le président de la République ni moi-même ne nous étions déplacés en observateurs » lors du récent Congrès des maires, a ironisé le Premier ministre. Il n’y a « pas de relation de défiance » entre le gouvernement et les élus, « bien au contraire », avait rétorqué le Premier ministre dès son arrivée à Cahors mercredi. L’AMF juge qu’ « aucun pacte de confiance n’est aujourd’hui envisageable » avec l’Etat. Edouard Philippe, qui a «délocalisé » son cabinet de Matignon à l’occasion de ce déplacement, a également détaillé le plan du gouvernement contre la « fracture numérique » : tous les Français éligibles au haut débit (plus de 8 mégas par seconde) en 2020, et au très haut débit (plus de 30 mégas) en 2022. Un sujet qui exaspère dans les campagnes. « Cette exaspération, il faut prendre garde à ce qu’elle ne se transforme pas en colère », a souligné le chef du gouvernement.