Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Bormes-les-Mimosas Château de Brégançon

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À seulement quelques kilomètres du Fort de Brégançon, résidence présidenti­elle, face aux Iles d’Or, entre ciel et mer, le château de Brégançon domine la baie majestueus­e du Cap Benat, à Bormes-les-Mimosas. Un lieu d’exception avec une histoire d’exception : depuis 1816, huit génération­s se sont succédé et Olivier Pezenas perpétue la tradition familiale aux côtés de Jean-François, son père (en photo). La grosse maison de maître datant de 1650 a été modifiée dans les années 1840, sous l’influence des palais italiens : quatre tours rondes ont été rajoutées aux quatre coins et une galerie menant à une chapelle contigue au château a été construite. De juin 1940 à décembre 1942, les Italiens occupent le château qui sera transformé en place forte, puis les Allemands s’installent de 1942 à août 1944. La famille Tezenas se réfugie au Château Léoube, juste à côté. En août 1944, au moment du débarqueme­nt en Provence, les Allemands feront sauter en partant le dépôt de munitions situé sous la chapelle. JeanFranço­is, le père d’Olivier, alors âgé de 12 ans, s’en souvient encore. À la fin du conflit, la priorité de Georges et Marguerite Tezenas a été de faire reconstrui­re, avec les indemnités de dommages de guerre, une chapelle à l’image d’une existant à la Verdière. Elle fut achevée en 1948 : la tête d’une Vierge décapitée retrouvée dans les gravats a pris place derrière l’autel. Dès lors, la cloche de la chapelle a de nouveau rythmé la vie des ouvriers agricoles, la grand-mère a pu reprendre ses cours de catéchisme et la messe a pu être célébrée pour les habitants des hameaux de Cabasson et Brégançon, avec dans les années 1960 un paroissien de marque, le grand duc du Luxembourg, venu en voisin. On ne sait que très peu de choses sur l’histoire de la chapelle du Château Léoube: la seigneurie de Léoube dépendait du domaine de Brégançon jusqu’en 1784. Si l’on ne connaît pas précisémen­t la date de constructi­on du château, on sait que celui-ci possédait deux chapelles : l’une accolée à une aile du château, qui sera détruite entre 1920 et 1925, et une seconde, plus petite, dédiée à saint Georges, bâtie sur une petite colline à 37 m d’altitude face à la mer, avec une façade peinte en blanc, des murs de pierre avec de solides contrefort­s et une statue de la Vierge sur la toiture. Le chapelle a été restaurée dans les années 2013-2014 par Alain Valette, Compagnon de la pierre : comme le veut la tradition chez les Compagnons, un message secret, destiné aux génération­s futures, écrit par Sir Antony Bamford (propriétai­re du domaine), a été glissé dans une bouteille cachetée, scellée dans l’autel. La Vierge posée à l’extrémité de la toiture de la chapelle fait face à une autre statue de la Vierge située à quelques kilomètres dans la forêt, sur les hauteurs du domaine : toutes les deux ont connu les flammes des incendies. La première en 1990 et la seconde en juillet 2017. « Tandis que nous avons immédiatem­ent repeint en blanc la Vierge qui avait brûlé dans les flammes, au lendemain de ces terribles événements, le personnel du domaine s’est retrouvé à la chapelle pour une messe émouvante », confie Jean Dubille, directeur du domaine (en photo). Le propriétai­re, un riche industriel anglais, Sir Antony Bamford, qui a racheté le domaine voici une vingtaine d’années, est très attaché à la chapelle, dont la simplicité contraste avec l’immensité de la propriété. Pour leurs quarante années de mariage, Sir Bamford et son épouse y ont renouvelé leurs voeux, tandis qu’un de leurs petits-enfants a été baptisé dans la minuscule chapelle qui domine la mer.

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