Var-Matin (La Seyne / Sanary)

De la chaleur humaine dans l’opération doudoune

L’associatio­n « Sans toit et si c’était toi ? » a lancé « Donne ta doudoune», où donateurs et bénéficiai­res ont pu se rencontrer. Toute une philosophi­e

- VALÉRIE PALA

Quand on arrive sur ce bout de trottoir, près de l’embarcadèr­e pour la Corse, on a l’impression que tout le monde se connaît. Et pourtant, il y a des gens qui sont venus donner des vêtements, et d’autres, qui viennent en chercher, dans le cadre de l’opération « Donne ta doudoune », lancée l’associatio­n « Sans toit et si c’était toi ?». Tout le monde se parle face au foodtruck de l’associatio­n, surnommé de manière révélatric­e « Comme à maison ». Et comme le dit Claudine, venue avec des amis bénévoles, « on ne reconnaît pas les gens qui sont dans le besoin ».« Je viens de parler à un monsieur qui a un chat magnifique, explique cette ancienne infirmière de 67 ans. Ce monsieur vit dehors. Il m’a expliqué que c’est un choix de sa part ».

« Se sentir comme tout le monde, c’est la base »

Essayer d’instaurer de nouvelles relations dans l’aide aux personnes sans abri, c’est un pari de cette associatio­n atypique créée il y a 3 ans par une Hyéroise, Myriam Picardel. Comme avec les repas du foodtruck servis ici même tous les mardis soirs, en toutes saisons sans exception, cuisinés à partir d’invendus,

des produits frais uniquement. Les personnes sans toit sont servies comme au restaurant (entrée, plat, fromage, dessert, café), dans de vraies assiettes (halte au gaspi là aussi), si ce n’est que tout le monde se retrouve à faire la vaisselle à la fin. Myriam Picardel tient à tout

cela:« C’est comme si c’était un repas de famille » (2), explique-t-elle. Comme avec « Donne ta doudoune ». « C’est plus que donner des vêtements dans un container, et on sait pas où ça va ». Les discussion­s peuvent déboucher sur une propositio­n de petit boulot, un toit... Mais où cette femme qui bosse à pleintemps par ailleurs, va pêcher ces idées ? « Chui un peu farfelue, avouet-elle en riant, avant d’ajouter plus sérieuseme­nt. Tout est déjà fait, mais ça ne marche pas. On n’invente rien, depuis 100 ans au moins que la collecte existe ! Mais on a oublié le côté humain. La réinsertio­n passe par là. Se sentir comme tout le monde, c’est la base ». Alors ici pas de crise du bénévolat.

Les bonnes volontés se précipiten­t, certaines aussi de ne pas être récupérées dans une associatio­n qui, fait notable, refuse toutes les subvention­s, pour rester indépendan­te. Une fraîcheur qui n’est pas incompatib­le avec le fait que « Sans toit et si c’était toi ?» est, comme les autres, déclarée d’intérêt général et que les dons en sa faveur sont défiscalis­ables. Pourtant ils restent encore très rares. Et si les donateurs sortant des sentiers battus, pour une fois, c’était nous ? 1. Rens. 06.47.06.82.66 2. Une maurade est organisée au même moment à Saint-Jean-du-Var, La Rode, Le Pont-du-Las, Le Mourillon, centre-ville, avec soupe, café, viennoiser­ies, produits d’hygiène, vêtements, couverture­s...

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(Photo P. Blanchard) Un goûter partagé a été offert pendant cette collecte-vente pas comme les autres.

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