Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Emilie, fer de (re)lance

- JEAN-MARC PONTE

Aujourd’hui, la donne a changé, la légion d’honneur et les lauriers sont loin. Si le titre est bel et bien inscrit à vie sur le palmarès de la kayakiste, la reconnaiss­ance autour de ce dernier semble s’être évaporée. « J’ai du mal à trouver des gens pour m’aider et me dire qu’ils ont besoin de moi. C’est quelque chose que je ne comprends pas. » Désormais, elle est inscrite à Pôle Emploi et peine à se lancer concrèteme­nt dans “l’après’’. Pourtant, à la vue de sa carrière, les qualificat­ions et l’expérience ne manquent pas : « Quand des personnes regardent mon CV, c’est comme si je n’avais rien fait. Comme si faire du sport de haut niveau ne faisait pas parti de la vraie vie. » Actuelleme­nt chargée de plusieurs missions au sein des instances nationale et régionale – notamment au niveau de l’accompagne­ment des jeunes –, la double championne du monde (en équipe et en individuel) ne souhaite « pas faire ça trop longtemps ». Elle espère, à terme, ouvrir son cabinet pour accompagne­r les familles, autour du développem­ent de l’enfant principale­ment. Faire un enfant justement, c’est l’autre grand projet qui tient à coeur à la femme de 34 ans. « J’ai envie de fonder une grande famille, dévoilet-elle. Les petits me passionnen­t. Je pense que réussir l’éducation physique et morale d’un enfant, c’est le défi de toute une vie. » Au cours de sa carrière, Emilie Fer en a accompli plus d’un. Celui de se relever après l’échec des JO de 2008 par exemple, qui lui

(1) a permis « d’aller chercher la médaille quatre ans plus tard ». Celui de confirmer après son titre olympique aussi, puisqu’elle devient championne du monde en individuel à Prague, en 2013. A la suite de ces succès, les choses se sont gâtées et l’athlète n’a pas eu la fin de carrière escomptée : « Je ne savais pas après Londres si je voulais rempiler pour quatre ans mais en 2014, je prends la décision de tenter de me qualifier pour Rio. » Finalement, la native du Valde-Marne termine à égalité avec Marie-Zélia Lafont lors des sélections françaises, mais une ligne infime du règlement joue en sa défaveur. La fédération a la possibilit­é de la repêcher, il n’en est rien : la championne olympique ne verra pas le Brésil. « Elle méritait autant que moi d’y aller, acquiesce sportiveme­nt la Roqueforto­ise. Mais encore une fois, on n’a pas pris en compte ce que j’avais pu faire quatre ans auparavant. » La rancoeur est aujourd’hui mise de côté. Avec le recul, la sportive est avant tout « fière de ce qu’elle a pu faire ». Un parcours avec quelques échecs mais surtout de grandes victoires qui a construit ce qu’elle est désormais. Le temps passe, les souvenirs restent et ce jeudi 2 août 2012 ne pourra jamais être gommé. Une journée où le Fer s’est transformé en or, et a porté au plus haut le drapeau tricolore.

Quand certaines personnes regardent mon CV, c’est comme si je n’avais rien fait”

1. Elle termine 7e de la finale après une deuxième place en demie.

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