Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sébastien Latz, adepte du mouvement perpétuel

À 40 ans, après une expérience réussie dans les plus grands ports marchands du monde, cet enfant de Correns revient en terre varoise. Mi-novembre, il a pris la direction du Château de Berne, à Lorgues

- PIERRE-LOUIS PAGÈS plpages@varmatin.com

Si certains effectuent un retour à la terre pour changer de rythme, revenir à l’essentiel, ce n’est certaineme­nt pas le cas de Sébastien Latz. Nommé mi-novembre à la tête du Château de Berne, le cadet des fils de Michaël Latz, emblématiq­ue maire de Correns, n’est pas là pour contempler la campagne environnan­te, si belle soit-elle. À quarante ans, celui qui a les mêmes initiales que Sébastien Loeb, nonuple champion du monde des rallyes, est un homme pressé. « J’aime bien quand les choses avancent. La gestion m’intéresse moins que la conduite du changement », reconnaît aisément l’intéressé. Et ça tombe bien : c’est justement pour ses capacités à « faire bouger les lignes » que le propriétai­re anglais du château de Berne l’a débauché de la CMA-CGM, l’un des leaders mondiaux du transport maritime. On l’aura compris, Sébastien Latz effectue un changement de cap à 180 °. Le quadragéna­ire n’en est d’ailleurs pas à sa première reconversi­on profession­nelle. Diplômé de l’EM Lyon Business School, après une scolarité au lycée Raynouard de Brignoles et Sciences Po Aix, Sébastien Latz a d’abord exercé ses talents dans le conseil en stratégie auprès des entreprise­s.

Plus de deux ans au pays des kangourous

En 2008, premier virage donc. En pleine réforme portuaire, il rejoint DP World, acteur majeur présent sur une cinquantai­ne de terminaux maritimes dans le monde ! « Je ne connaissai­s absolument rien au milieu portuaire, mais dans le conseil on apprend vite. Heureuseme­nt, car DP World m’a concocté un programme de formation accéléré. Même si j’étais basé à Fossur-Mer, pendant un an et demi, j’ai été envoyé successive­ment à Dubaï, Hong Kong, Sydney, Anvers ou encore Tilbury en Angleterre », raconte-til dans un sourire. Son apprentiss­age à peine terminé, il enchaîne deux ans sur le port de Marseille avant que DP World le nomme responsabl­e d’exploitati­on du terminal conteneurs de Fremantle, en Australie. Sébastien Latz n’hésite pas une minute et part, avec femme et enfants, s’installer au pays des kangourous.

L’aventure dure plus de deux ans. En 2014, la CMA-CGM lui propose en effet de reprendre en main deux terminaux à Marseille. Malgré la mauvaise réputation du port phocéen, il accepte. « Que ce soit en termes de sécurité ou de productivi­té, tout était à faire pour atteindre les standards internatio­naux. L’image de marque du port de Marseille était entièremen­t à reconstrui­re. Le challenge m’a intéressé », explique Sébastien Latz. Le salaire ? Si l’on imagine qu’il gagnait bien sa vie, « l’argent n’a jamais été un moteur», affirme-t-il. Pas plus que la perspectiv­e de rentrer au pays. «Je ne me sens pas Provençal, mais plutôt Européen, Méditerran­éen et Français ». L’histoire familiale n’y est peutêtre pas étrangère. Les grands parents paternels ont fui l’Allemagne nazie dans les années 1930. Installés au Congo belge où ils avaient des plantation­s de bois et de café, ils ont dû quitter l’Afrique à l’indépendan­ce en 1962, pour finalement atterrir en Provence. «La bourlingue fait partie de l’histoire familiale. Cette dernière m’a surtout enseigné que rien n’est jamais acquis », lâche Sébastien Latz, sans trop vouloir s’attarder sur le sujet.

Renouveler l’expérience de la Provence

Retour au Château de Berne. À en croire le nouveau directeur général, c’est presque par hasard qu’il se retrouve aujourd’hui à la tête de l’un des plus prestigieu­x domaines viticoles varois. « Je n’étais pas demandeur. Même après presque 10 ans dans le shipping, j’y étais toujours très attaché et ne cherchais pas spécialeme­nt à le quitter. Avec le propriétai­re du Château de Berne, on a été mis en contact par l’intermédia­ire d’un cabinet de chasseur de têtes auquel j’avais fait appel pour trouver des collaborat­eurs pour les terminaux maritimes marseillai­s ». Encore une fois, c’est le challenge qui a convaincu Sébastien Latz. « Je l’avoue, j’aime bien le changement. Alors forcément, avoir la chance à 40 ans de partir sur une nouvelle expérience m’a séduit ». Sa feuille de route : créer un projet cohérent autour du Château de Berne et des trois autres domaines associés, à savoir le Château Saint Roux, le Château des Bertrands et le Château des Launes, rebaptiser UP pour Urban Provence. « L’idée est de proposer aux clients, d’où qu’ils viennent, une expérience de la Provence différente à chaque fois, mais toujours authentiqu­e et juste. Tout est à créer, à inventer », s’enthousias­me Sébastien Latz. Pour y arriver, il entend bien appliquer les trois principes qui lui ont réussi jusqu’à présent : la recherche de l’excellence, le respect de soi et des autres, ainsi que le travail d’équipe. «Seul on va vite, mais ensemble on va loin », se justifie-t-il. Quant au monde viticole varois qui pourrait s’inquiéter de l’avènement d’un tel projet, Sébastien Latz se veut rassurant. « Je crois au Château de Berne dans la Provence, avec les petits et les grands domaines. La concurrenc­e se situe avec les autres appellatio­ns ».

Seul on va vite, mais ensemble on va loin ”

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(Photo Dylan Meiffret)

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