Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Il y avait des maladies dans le camp bulgare»

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Usmany, 23 ans, Afghan

« Je vivais dans la province de Laghmân. Pour ma part, j’aimerais me concentrer sur mon passage en Bulgarie… Quand j’ai quitté la Turquie avec un groupe de réfugiés afghans, j’ai voyagé quatre jours à pied. Les policiers bulgares nous ont arrêtés et nous ont demandé de leur donner notre argent. Ceux qui donnaient, ils les laissaient passer. Moi, j’ai décidé de ne pas donner, alors ils m’ont lâché les chiens dessus et m’ont frappé. Tous ceux qui n’avaient pas donné leur argent, dont moi, ont été mis dans un gros camion et ramenés vers la frontière turque. Une fois le camion arrêté, ils nous ont fait descendre et nous ont frappés à coup de matraque, en nous courant derrière et nous criant de ne plus venir, jusqu’à ce qu’on passe en Turquie. J’ai essayé de passer huit fois en Bulgarie. A chaque fois, les policiers m’ont frappé et leurs chiens m’ont mordu. A chaque fois, on était renvoyés en camion vers la Turquie. Parfois, ils nous laissaient en tee-shirt dans la neige, c’était une sorte de punition. La huitième fois, j’ai pu passer la frontière et aller à Sofia. A la frontière serbe, les policiers bulgares nous ont attrapés à nouveau. On a été emmené au poste, où les policiers nous ont gardés deux nuits, sans rien à boire et à manger. Ils nous ont même pris nos vêtements. Puis on a été placé dans un camp fermé, où je suis resté trois mois. Ça ressemblai­t un peu à une prison. On était entassé à  dans des chambres de  m, à dormir à même le sol, avec une couverture pour tout le monde. Dans ce camp, on était  personnes et il y avait un seul robinet. Il fallait attendre une heure pour se laver les mains et le visage. Je n’ai pris aucune douche en trois mois. C’était tout sale… Il y avait des maladies qui se développai­ent à l’intérieur, une sorte d’infection des pieds. Pour la nourriture, on mangeait un morceau de pain deux fois par jour. Mais parfois, ils mettaient beaucoup de sel dedans, ou bien le pain sentait mauvais. Pour qu’on ne puisse pas manger... J’ai aussi reçu des coups de matraque, même le médecin du camp m’a frappé ! Finalement, j’ai été relâché et j’ai pu gagner la France. Mais mes empreintes sont en Bulgarie, je peux être renvoyé làbas ! Et de là en Afghanista­n, où mon frère et mon père ont été assassinés par les talibans... »

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