Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’épicerie de Tourtour lutte pour sa survie

Communémen­t appelé « le Proxi », le commerce connaît des difficulté­s. Loin d’être abattue, sa gérante entend bien ne pas baisser les bras, avec le soutien des habitants et des élus

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C «ette épicerie, c’est toute mon âme ! » Voilà 14 ans maintenant que Nadège Paulin s’occupe de son commerce de proximité à Tourtour. Une supérette de 150 m2 où l’on trouve à peu près tout ce qu’il est possible d’imaginer : pains, viandes, produits frais, régionaux, fromages, légumes, vins, gaz, etc. Mais depuis quelques mois, la structure connaît quelques difficulté­s. Jusqu’ici, Nadège gérait la boutique Novadis avec son compagnon. Mais en juin dernier, le couple se sépare. Elle rachète les parts de son ex-conjoint. « Mais j’ai aussi récupéré un lourd passif. » Les comptes sont dans le rouge. Le 7 novembre, une procédure de redresseme­nt judiciaire est ouverte par le tribunal de commerce de Draguignan. Un mandataire judiciaire est désigné. Tous les deux mois, Nadège se rend au tribunal de commerce pour y soumettre son plan d’actions. « Dans un an, je saurai si l’État regroupe la dette qui m’étouffe et m’accorde un prêt à taux préférenti­el. » À l’écouter parler de son épicerie, Nadège n’est pas prête de baisser les bras. Même si le moral joue un peu à l’ascenseur émotionnel. « Ça dépend des jours. Il y a des matins où j’y crois. D’autres où je me demande comment je vais faire. C’est un peu le yo-yo. » Nadège est combative. Vaillante. Un sacré bout de femme qui porte son métier d’épicière dans le coeur. « Quelle jeune fille n’a pas aimé jouer à la marchande petite… », sourit-elle pour expliquer sa vocation. Et d’ajouter : « Ici, on ne fait pas que vendre de la marchandis­e. On entretient aussi du lien social. Les villageois ont besoin de parler. On discute, on échange. Sans oublier les enfants qui viennent chercher leurs bonbons. » Pragmatiqu­e aussi. Elle connaît son rôle. Et l’importance d’un commerce de proximité dans un village qui compte 3 000 habitants l’été. Et cinq fois moins l’hiver. « Un commerce qui ferme et c’est tout un village qui boite », souligne-t-elle.

Elan de solidarité

L’une des raisons qui fait qu’elle tient bon, c’est la solidarité qui l’entoure à tous les niveaux. De sa clientèle à la municipali­té. Jusqu’aux fournisseu­rs qui ne la laissent pas tomber. Quand elle s’est rendu compte de la complexité de la situation, elle ne leur a rien caché. « Je leur en ai parlé en toute honnêteté. Je leur ai dit qu’une procédure de redresseme­nt était ouverte. Que s’ils souhaitaie­nt me quitter, je le comprendra­is. Mais tous ont été là. Certains ont même fait des gestes pour m’aider avec ma trésorerie. On a par exemple eu un problème de mise aux normes électrique­s. La société Électricit­é Salernoise s’en est occupée. Et ils ne m’ont rien fait payer. Alors qu’ils ne sont même pas de Tourtour… » Jusqu’ici, Nadège employait deux salariées pour l’épauler. Mais elle a été contrainte de se séparer d’une d’entre elles, Denise, au début du mois. Et là encore, la solidarité a primé. « Nous avons reçu du soutien de toute part. Au point qu’elle a retrouvé un emploi à la mairie de Salernes. » Quant à sa clientèle, elle est fidèle. Les habitués se succèdent dans la boutique. Et heureuseme­nt. Sans eux, ce serait peine perdue. « Je n’aurais plus aucun moyen de renflouer le bateau. Mais à Tourtour, il y a une forme de magie. »

Il y a des jours où j’y crois, d’autres moins ”

où. Quand Nadège dit que cette épicerie, c’est toute son âme, ce ne sont pas des mots en l’air. À l’intérieur, tout est soigné. Minutieuse­ment décoré. Il y a de la chaleur ici, à n’en pas douter. « Là, il y a Salsa et Tango, les mascottes de la boutique, explique-t-elle en pointant du doigt sa volière. C’est un couple d’inséparabl­es. Ils chantent, les gens leur parlent. » Parce qu’encore une fois, ceux qui pénètrent dans le magasin ne sont pas de simples clients. « Je veux que les gens qui entrent ici se sentent chez moi. » Plus loin, des caisses à pommes dont elle se

 ?? (Photos Dylan Meiffret) ?? En difficulté, l’épicerie est pourtant un point névralgiqu­e de la vie du village. Plus qu’un simple magasin, elle assure aussi un véritable rôle social pour les habitants.
(Photos Dylan Meiffret) En difficulté, l’épicerie est pourtant un point névralgiqu­e de la vie du village. Plus qu’un simple magasin, elle assure aussi un véritable rôle social pour les habitants.
 ?? (Photo M. B.) ?? La gérante de Nadège Paulin. l’épicerie,
(Photo M. B.) La gérante de Nadège Paulin. l’épicerie,

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