Risque avalanche : la CRS Alpes en alerte
Ces policiers nationaux, montagnards aguerris, se sont entraînés cette semaine, alors que les dernières chutes de neige représentent une menace mortelle pour les amateurs de hors-pistes
Sur la neige baignée de soleil de La Colmiane, la radio du capitaine Saint-Bonnet se met soudain à crachoter : «Secouristes pour le poste de secours ... J’ai eu les infos, vous pouvez conditionner la victime, évacuation prévue par hélicoptère d’ici vingt minutes.» La CRS Alpes s’entraînait mercredi sur les pistes de la petite station des AlpesMaritimes. Une quinzaine d’hommes affûtés, tous montagnards très aguerris. Ces policiers nationaux, de la Compagnie républicaine de sécurité, sont en alerte maximale. Une semaine sur deux toute l’année, en alternance avec le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM), ils veillent sur ceux qui s’aventurent en montagne. Randonnée, canyoning, cueilleurs de champignon égarés et en ce moment skieurs, à chaque saison son type d’intervention. Une centaine chaque année. L’entraînement de cette semaine n’avait rien d’anodin. Mardi, le risque avalanche est passé au niveau d’alerte maximum, 5. Deux mètres de neige fraîche sont tombés sur le Mercantour, contraignant même le préfet à fermer les stations de ski lundi après-midi et mardi, en raison de ce niveau de risque « exceptionnel ».
Un cocktail « dangereux »
Si le seuil d’alerte a depuis été rabaissé à 3/5, le horspiste reste extrêmement dangereux. « Le manteau neigeux n’est pas stabilisé. Il y a eu de grosses chutes de neige, de la pluie, du vent, quand on cumule tout cela, le cocktail est dangereux. Il ne faut pas trop s’aventurer dans les domaines non sécurisés, sans avoir une parfaite connaissance de la nivologie », commente le capitaine Ludovic Saint-Bonnet, nouveau patron du détachement de Nice de la CRS Alpes. Profitant de leur semaine off – le PGHM est d’astreinte ces jours-ci –, ils se sont livré, mercredi, à un exercice de recherche en avalanche. « Ce travail effectué hors intervention nous permet d’intervenir de manière fluide le jour où une urgence arrive. Cela permet aux hommes de prendre contact avec la neige, de répéter les gestes de secourisme, mais aussi l’aspect police judiciaire, c’est-à-dire les constations légales que nous effectuons après un accident. Nous ne sommes pas d’astreinte cette semaine, mais si le PGHM avait besoin de renforts, nous serions mobilisables immédiatement.» A la Colmiane, ces policiers montagnards de la Compagnie républicaine de sécurité ont inlassablement répété. Avec de la recherche de personnes à l’aide d’un « détecteur de victime d’avalanche », un appareil de géolocalisation, mais aussi des exercices de sondage manuel ou des sauvetages de skieurs bloqués sur un télésiège. Un exercice aérien, particulièrement périlleux, à plusieurs dizaines de mètres d’altitude. Avec un objectif en tête, alors que ce début de saison s’annonce de tous les dangers : retrouver et sauver les victimes le plus rapidement possible. «Plus nous prenons de temps, plus l’état de santé des victimes se dégrade», commente le major de police Marc Almonte. Mojo, presque un an, le futur chien de recherche de la CRS Alpes, était présent. «Il vient tout juste d’être validé pour les recherches de personnes disparues. Il part début janvier avec moi à Chamonix pour trois semaines de formation avalanche et sera ensuite opérationnel», explique le maître-chien Christophe Ciais. À l’issue de ce stage, Mojo remplacera un autre berger allemand, Exxone, 8 ans, qui sera mis au repos. Les CRS montagnards sont prêts à affronter la saison hivernale. Ils profiteront de chaque temps hors astreinte pour parfaire leur entraînement. Fidèles à leur devise : « Servir ».