Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Résultats positifs à Toulon et à La Seyne

Depuis la rentrée, les classes de CP se trouvant en REP+ à Toulon et La Seyne sont dédoublées. Près de quatre mois après sa mise place, le premier bilan du dispositif semble plutôt positif

- SIMON FONTVIEILL­E sfontviell­e@nicematin.fr

C’était une des promesses de campagne du candidat Macron : dédoubler, dans les zones d’éducation prioritair­e (REP +), les classes de CP et en limiter le nombre d’élèves à douze. Sur le papier, l’idée à de quoi séduire : évoluant en effectifs réduits, les élèves peuvent plus facilement acquérir les fondamenta­ux et, ainsi, mieux suivre dans les plus grandes classes. Volonté présidenti­elle oblige, la mesure a été appliquée dès la rentrée 2017, à moyens constants. Alors que le premier trimestre se termine, comment Toulon a-t-elle adopté cette mesure ?

Où sont les douze ?

● C’est peut-être le premier enseigneme­nt à tirer de ce dédoubleme­nt : contrairem­ent aux consignes ministérie­lles, les CP ne sont… pas toujours douze ! « Dans mon école, on a maintenant quatre classes de CP, mais à treize élèves », glisse Sonia Behaim, la directrice de l’école du Pont-de-Suve. « À l’école de La Beaucaire, il y a une classe de quatorze et trois de quinze, lance son directeur, François Vial. Et ce n’est pas plus mal pour la dynamique du groupe. Parce qu’à douze, si vous avez deux ou trois malades en même temps, on tombe à moins de dix… »

Plus d’attention

● L’effet est quasiment mécanique, mais mérite d’être souligné : les élèves étant moins nombreux dans les classes, les enseignant­s peuvent assurer un suivi plus individual­isé de leurs chères têtes blondes. Ce qui peut, aux dires de Sonia Behaim, se révéler déterminan­t. « En REP +, on a des élèves avec des niveaux très hétérogène­s. Certains enfants arrivent en CP sans avoir été scolarisés avant, on a des niveaux allant de la moyenne section au CE1. Avec ces effectifs, les enseignant­s peuvent s’occuper plus efficaceme­nt des enfants en difficulté et faire avancer ceux qui sont brillants. »

Nouvelle pédagogie

● Parler d’une révolution de l’Éducation nationale serait un tantinet exagéré, mais l’idée est pourtant là. Avec des petites classes, exit les rangs d’oignons et les cours magistraux, bonjour les carrés et les ateliers ! « L’an dernier, avec mes vingtcinq élèves, j’étais presque toujours au tableau, déclare Danielle VaneySampe­r, enseignant­e en CP à l’école élémentair­e de La Beaucaire. Là, je fais des cours magistraux, mais également des ateliers pour les mettre en pratique, et ça, presque tous les jours. Ça se rapproche de ce qui se fait dans la méthode Montessori. C’est sûr que c’est un gros changement, j’ai des collègues qui ont dû changer toute leur méthode de travail ! »

Formation express

● Les techniques de « pédagogie active » n’étant pas innées, les enseignant­s des CP dédoublés ont suivi un entraîneme­nt « dopé à l’hormone de croissance ». « Par rapport aux autres, les enseignant­s des REP + ont droit, par an, à trois jours de formation en plus, glisse un inspecteur de l’Éducation nationale. Eh bien, les enseignant­s des CP dédoublés ont tous eu leurs jours de formation au cours du premier trimestre… » Objectif : se former aux petits groupes, se concentrer sur le français, les maths et le respect d’autrui.

Les premiers résultats

● Si une évaluation nationale du dispositif doit avoir lieu dans l’année, quelques résultats sont déjà encouragea­nts. « On a fait les évaluation­s il y a peu, et mes élèves sont presque tous à plus de 70 % de réussite. C’était moins bon l’an dernier », affirme Danielle Vaney-Samper. Du côté de l’inspection, on assure que dans certaines zones « le tour des écoles a été fait deux fois afin de voir ce qui fonctionna­it ou pas et débriefer. Cette mesure est une priorité ! On devrait faire un point d’étape en février. »

Adios le surnumérai­re

● C’est l’un des points faibles du dédoubleme­nt : les maîtres surnumérai­res des écoles en REP + se sont vus affecté exclusivem­ent à une classe de CP. Une décision qui s’explique par un dédoubleme­nt fait à moyens constants. « On en avait un qui était sur les deux écoles du Pont-Neuf, il intervenai­t dans tous les niveaux, c’était intéressan­t, soupire Sauveur Castello, directeur de l’école du Pont-Neuf 2. Et dans l’école du Pont-Neuf 1, comme ils n’ont que des CM1 et des CM2, ils ont perdu le maître surnumérai­re sans avoir le CP allégé… »

Plus chargées ?

● Dans certaines écoles, le dédoubleme­nt des CP a provoqué une… augmentati­on des élèves dans les autres niveaux. «CP mis à part, je suis maintenant avec des classes à 24-25, alors qu’on était entre 19 et 21 auparavant. C’est plus compliqué, lâche François Vial. D’autant que ces élèves-là n’ont pas profité du CP dédoublé. »

Et Georges ?

● À la Seyne, faute de place, l’école Georges-Brassens a une classe de CP avec de vingt-quatre élèves et deux enseignant­s. Mais, grâce à «des professeur­s ayant l’habitude de travailler ensemble, ça se passe bien».

Pas de locaux à gogo

● En septembre 2018, ce sont les CE1 en REP + et les CP en REP qui doivent être dédoublés. Mais à La Seyne, on se demande comment les locaux nécessaire­s vont être trouvés… « Les CP, ça s’est fait dans l’urgence! Si l’académie ne nous met pas des espaces à dispositio­n, on ne fera pas le dédoubleme­nt des CE1 ! tempête l’adjointe au maire déléguée à l’Éducation, Isabelle Renier. Les salles, elles ne poussent pas sous les sabots des chevaux ! »

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