Le gouvernement dément son retour
Le retour de la fameuse vignette figure-t-il parmi les pistes envisagées pour rafraîchir les routes françaises? L’État dément. Mais la polémique révèle une réelle dégradation
Sous la polémique, la chaussée défoncée. Voici résumé la journée d’hier, entre supputations autour d’un possible retour de la vignette automobile et bronca contre cette hypothèse. Hier après-midi, le gouvernement a démenti étudier un tel scénario, contrairement aux révélations matinales du Parisien. Mais, qu’elle soit sérieusement envisagée ou non, cette seule idée a beaucoup fait parler (voire hurler). Surtout, elle en dit long sur l’état de nos routes... Et la nécessité de financer leur entretien.
Coucou, la revoilou ?
● Qui doit payer pour rénover le réseau routier français? Un comité d’experts a été missionné par la ministre des Transports, Élisabeth Borne, pour plancher sur cet épineux sujet. Il doit rendre ses conclusions en janvier prochain. Parmi les scénarios envisagés, selon Le Parisien : augmenter la taxe sur l’essence, facturer au kilomètre la circulation des camions comme des voitures... Et, donc, ressusciter la fameuse vignette (1957-2001) que les Français virent naguère fleurir sur des générations de pare-brises (lire ci-contre). « Les trains payent une redevance à SNCF Réseau pour l’usure des rails, mais les véhicules légers passent et repassent sur les routes sans rien verser», justifie Hervé Maurey. Pour le sénateur (UDI) de l’Eure, membre du comité d’experts et cité par nos confrères, il y a urgence. «Notre réseau routier est en danger. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. »
En voie de dégradation
En 2011, la France était le premier pays au monde pour la qualité de son réseau routier, selon le World Economic Forum. Elle avait dégringolé à la septième place en 2015. Un classement qui traduit une réelle difficulté à conserver un haut niveau d’entretien. Les communes et départements, premiers gestionnaires des routes françaises, sont au régime sec. Et cela se ressent dans les investissements. Même le budget annuel alloué aux routes nationales a chuté, entre 2009 et 2015, de 760 à 663 millions d’euros. « La tentation est forte de se passer de l’entretien, une année, puis deux... Ça ne se voit pas, exactement comme la toiture d’une maison, confie Hervé Maurey Mais attention: après dix ans, il pleut dans le salon. »
Entre et euros
● Le coût estimé pour bichonner nos routes naviguerait entre 3 et 5 milliards d’euros par an. Cela induirait une vignette entre 75 et 125 euros pour les 40 millions de véhicules en circulation. De quoi susciter un fameux concert de klaxons, de sérieux doutes sur la destination réelle des recettes (chat échaudé...) et une nouvelle taxe, qui ternirait quelque peu la suppression partielle de celle sur l’habitation. Le papillon collé sur le pare-brise, c’est une vieille histoire en France. Après la vignette pour financer les retraites en 1957, est apparue en 2016 la Crit’Air, qui signale les véhicules les moins polluants. À quand une « vignette anti nids-de-poule » ? Pas de sitôt, réplique un porte-parole du ministère des Transports cité par l’AFP : « Il n’a jamais été envisagé d’instaurer une vignette sur les automobilistes. » Prudente mise à distance vis-à-vis du comité d’experts? Rétropédalage gouvernemental? Ou coup de bluff en forme de « ballon d’essai », comme le suggère Pierre Chasseray, porte-parole de l’association 40 millions d’automobilistes ? Le rapport dira si le débat a fait fausse route.
Signaler les points noirs
● Une certitude, hier: l’association en question a lancé une application mobile gratuite, J’ai mal à ma route, permettant de recenser les points noirs routiers. Automobilistes et motards en avaient déjà eu la possibilité en 2016 sur Internet (1). Résultat: environ 30000 signalements en un an. Dont 506 dans les Alpes-Maritimes et 643 dans le Var.