Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Assises: un jeu d’ados a causé la mort d’un retraité

La cour d’assises des mineurs du Var juge un jeune homme de 20 ans, dont les violences ont entraîné le décès d’un homme de 79 ans près de Gardanne. C’est le parquet qui a fait appel

- G. D.

Deux mondes se sont télescopés le soir du 31 octobre 2014 à Mimet, une petite cité résidentie­lle d’ex-mineurs près de Gardanne. D’un côté celui de Jean Jelencik, 79 ans, qui n’aspirait à rien d’autre qu’à une retraite paisible, dans la maison familiale où il vivait seul, après une carrière de mécanicien sur hélicoptèr­es à Marignane. De l’autre celui d’une vingtaine de jeunes du village et des environs, âgés de 15 à 22 ans, qui avaient pour habitude de se réunir le soir autour d’un abribus voisin de la maison du retraité. Ils y faisaient du bruit, parfois jusqu’à tard dans la nuit, à parler fort et à faire vrombir leurs scooters.

Un jeu : pourrir la vie du « vieux »

Quelques-uns avaient remarqué que «le vieux» supportait mal d’être dérangé par leur vacarme. Au point de sortir de chez lui pour les rappeler à l’ordre. Alors, c’était devenu un jeu. Ils s’amusaient à provoquer Jean Jelencik, notamment en causant des dégradatio­ns sur sa maison, pour l’inciter à sortir de chez lui et à les poursuivre. S’en suivait un jeu de cache-cache dans le quartier, rendu encore plus « amusant » quand le retraité avait sorti une carabine à plomb, comme à la fête d’Halloween le 31 octobre 2013.

À coups de pied dans la tête

Un an plus tard, après avoir déposé plainte pour ces incivilité­s, puis d’autres en juin 2014 et pour le 14 juillet, Jean Jelencik avait dit à une amie qu’il redoutait de nouveaux débordemen­ts cette nuit-là.Il ne savait pas qu’il ne s’en relèverait pas. Dans le box de la cour d’assises des mineurs du Var, qui statue en appel, Antoine, 16 ans au moment des faits, a conservé à 20 ans un visage enfantin. En février dernier, il a été condamné par les assises d’Aix-enProvence à cinq ans de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve, pour des violences en réunion qui ont entraîné la mort de Jean Jelencik. Hier il a raconté. « On était toujours une vingtaine. On faisait du bruit avec les scoots. Deux jeunes sont arrivés en courant et en criant: “Il arrive, il arrive !” C’était prévu, ils étaient allés jeter des oeufs sur la maison et la voiture du vieux. « On est partis. Mais j’ai vu que ma copine Angélique était restée, et que le vieux lui portait un coup de bâton. Je suis descendu de voiture pour l’aider, mais Gaël a été plus rapide que moi. Il lui a donné un coup de pied qui l’a fait tomber. Moi j’ai donné des coups de pied au sol. On est montés en voiture et on est partis. »

Appel du parquet

Deux semaines plus tard, Jean Jelencik est décédé à l’hôpital de la Timone, des suites d’un hématome cérébral. Ce n’est pas Antoine qui a fait appel de sa condamnati­on, mais le parquet général, uniquement contre lui, estimant cette sanction insuffisan­te. Deux autres jeunes ont été condamnés pour ces violences mortelles à des peines de deux à quatre ans de prison, en partie ou totalement assorties d’un sursis. La cour entendra ce matin leurs témoignage­s.

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(Photo DR) Aux assises du Var, c’est le parquet général qui a fait appel d’une peine jugée insuffisan­te.

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