Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Michel Lambin à Nice : «Je n’ai jamais tiré sur une personne»

Michel Lambin alias « le berger de Caussols » et Émile Fornasari nient toute participat­ion à l’assassinat en 2002 à Antibes d’un gardien d’école

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

La veille d’un réquisitoi­re que chacun pressent implacable, la parole est enfin aux accusés jugés depuis dix jours pour l’assassinat le 5 décembre 2002 de Robert Ludi, un gardien d’école maternelle d’Antibes. Émile Fornasari et Michel Lambin avaient été jusqu’à présent davantage spectateur­s de leur procès qu’acteurs. Cette fois, ils subissent une rafale de questions alors que les débats touchent à leur fin et que la défense plaidera l’acquitteme­nt aujourd’hui. Pour mémoire, le mobile du crime serait lié à Séverine, l’ex-compagne de Fornasari. Ce dernier aurait demandé à Michel Lambin d’abattre Robert Ludi, ami de Séverine, pour «faire le vide autour d’elle», explique Me Frédéric Gascard, l’avocat de la famille Ludi.

«Aucune raison d’en vouloir à Robert Ludi»

Me Gascard apostrophe Émile Fornasari, le commandita­ire présumé : «M. Ludi explique à sa soeur et à son meilleur ami que vous l’avez menacé en compagnie de William Laurent, le père de Séverine. » «Ce n’est pas vrai. Et je peux vous regarder dans les yeux Mme Ludi », s’énerve Fornasari. Florence qui a découvert son frère abattu de deux balles de 11.43 en plein visage, préfère détourner le regard, écoeuré par les dénégation­s des accusés. Le président Benoît Delaunay rappelle pour sa part que Séverine Laurent a donné trois exemples qui démontrent que, malgré la rupture, Emile Forrnasari voulait s’immiscer dans sa vie. «Totalement faux! C’est elle qui était jalouse. C’était une malade », s’emporte à nouveau un Emile Fornasari plutôt volubile. «Aviez-vous laissé des armes à Michel Lambin ? », questionne le président. « C’est prouvé que je suis parti en Espagne avec Famas, Kalachniko­v, Glock et grenades», rétorque Fornasari qui se présente, certes, comme «un braqueur », mais pas un trafiquant de drogue et encore moins un malfaiteur avec du sang sur les mains. « Je n’ai aucune raison d’en vouloir à Robert. C’est scandaleux. J’aurais préféré pour les enfants que Séverine ait une vie stable, même avec M. Ludi. »

«Jamais j’aurais tiré sur une personne»

Michel Lambin retrouve lui aussi de la vigueur depuis son fauteuil médicalisé, à l’heure de se justifier face à de terribles accusation­s : «Tout ça est inconcevab­le ! ». L’arme du crime trouvée chez lui ? «Le pistolet de Guerrée», l’homme qu’il a abattu et enterré à Caussols. Les tirs sur Denis, son voisin éleveur ? « Jamais de la vie j’aurais tiré sur une personne », affirme le coeur sur la main et la couverture sur les genoux, celui que son ex-compagne et la police judiciaire de Nice désignent comme un tueur en série avec au moins neuf morts sur la conscience. À Florence Ludi, qui se culpabilis­ait d’avoir décommandé un rendez-vous avec son frère le soir du drame, Lambin lance, à l’aise: «Je voudrais dire à Mme Ludi qu’elle n’est pas responsabl­e de la mort de son frère.» De quoi sidéré Me Frédéric Gascard. Pour l’avocat de la famille Ludi, la culpabilit­é des deux accusés ne fait pas l’ombre d’un doute. Il cite les propos de Thierry Fornasari, le neveu d’Emile Fornasari, au sujet du berger de Caussols : « Il en a fait un pour nous y a pas longtemps. Il ne l’a pas loupé. La femme de mon cleuon (mon oncle en verlan NDLR), son mec, il a pris une balle dans le cigare.» Des propos, selon lui, qui ne peuvent tenir «du hasard ou de la coïncidenc­e». La partie civile insiste sur le climat de peur qui entoure encore certains témoins de ce procès et décrit un Émile Fornasarie­n 2002 « dans l’impunité absolue, dans la toute puissance». Profession­nel du vol à main armée, il s’était échappé par hélicoptèr­e de la prison de Draguignan pour se réfugier en Espagne. A-t-il eu le temps de menacer Robert Ludi ? Après deux premières enquêtes qui n’ont pas abouti, l’honorable famille Kudi attend depuis quinze ans que justice lui soit rendue. «Vous avez entendu beaucoup d’horreurs, du sordide mais tous ces gens avaient choisi un chemin de petit délinquant, de repris de justice, plaide Me Gascard. M. Ludi n’avait pas choisi ce chemin, il était gardien d’école maternelle.» Un homme que chacun décrit comme serviable, gentil, sans histoire. Même les accusés n’ont pas manqué, hier, de le rappeler tout en précisant aussitôt qu’ils n’avaient jamais croisé sa route.

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(Photo Frantz Bouton) Me Frédéric Gascard a plaidé hier soir pour la famille de la victime. Me Colombani et Me Gortina auront la lourde tâche de défendre Emile Fornasari et Michel Lambin

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