Opération portes ouvertes
Malgré une conquête irréprochable tant en mêlée qu’en touche à Bath, les Toulonnais, pourtant disciplinés, ne pouvaient guère espérer mieux avec une défense aussi catastrophique
No scrum no win a-t-on coutume de dire non sans raison. Une bonne mêlée est certes nécessaire à la victoire, elle n’est pas pour autant suffisante, comme on a pu le voir à Bath samedi soir. Lors du match aller, les avants toulonnais avaient été sanctionnés à quatre reprises. Ils voulaient donc se racheter en respectant les règles à la lettre. Marc Dal Maso, le spécialiste de la mêlée, avait annoncé au soir du succès à Mayol contre les Anglais : « On ne se fera pas avoir au match retour ». Ses deux premières lignes (titulaire et remplaçante) ont tenu parole au moment où Chiocci, blessé, et Chilachava avaient été laissés de côté. Au-delà du sans-faute sur leur introduction (8/8), les Toulonnais sont parvenus à chiper une mêlée à leurs adversaires. Et dans l’alignement en touche, là encore, la copie a été impeccable (8/8), sans compter deux touches volées aux Anglais.
Comme des portes de saloons...
Au-delà des criantes carences individuelles, à l’image d’un Tuisova complètement à côté de ses pompes, c’est en défense que Toulon n’y est pas. Outre les trois essais encaissés, c’est surtout dans la manière que le constat est inquiétant. Un premier essai après 46 secondes de jeu offert par Joseph à son pilier donnait une idée précise de la vitesse avec laquelle les joueurs de Bath souhaitaient prendre leur revanche. Sur le deuxième essai, la défense était encore prise par la spontanéité anglaise, d’autant que Bastareaud semblait gêné par un adversaire. Quant à la troisième réalisation, les cow-boys varois ont fait office de portes de saloon, une véritable opération portes ouvertes. Watson, arrêté, contournait trois défenseurs - dont l’infortuné trois-quarts aile fidjien aux abonnés absents - pour aller marquer sans opposition, si ce n’est un plaquage désespéré de Bonneval. Avec une défense chancelante, le RCT ne peut pas actuellement avoir les moyens de ses ambitions. L’urgence toulonnaise est de fermer les verrous à double tour. L’heure n’est plus à se lamenter. Comme on dit dans le jargon, il va falloir se dire les choses et se poser les bonnes questions. Il ne peut y avoir, au sein du collectif, deux poids deux mesures comme cela semble être le cas depuis le début de la saison malgré les dénégations des uns ou des autres...