Nice : perpétuité pour Lambin et son commanditaire
La cour d’assises des Alpes-Maritimes a reconnu coupable Lambin et Fornasari de l’assassinat à Antibes, en 2002, d’un gardien d’école
Michel Lambin, 67 ans, visage caché derrière ses mains jointes, comme en prière, écoute le verdict prononcé par Benoît Delaunay, le président de la cour d’assises. « Michel Lambin est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Par décision spéciale, une peine de sûreté de vingt-deux ans est prononcée. » « C’est pas vrai ! », s’exclame, dépité, l’accusé en cherchant ses filles et ses petites-filles du regard. Même sanction à l’encontre d’Émile Fornasari, 56 ans, reconnu coupable de complicité d’assassinat. « Je fais appel », annonce-t-il aussitôt, encadré par un impressionnant service d’ordre. Sur le banc des parties civiles, Florence Ludi, les traits tirés par onze jours de procès et des souvenirs insoutenables, se dit « soulagée », « satisfaite ». Elle pense à ses parents, âgés, malades. Ils n’ont pas eu la force d’assister au procès des deux hommes qui leur ont enlevé leur fils, Robert Ludi, 33 ans, un paisible gardien d’école d’Antibes, dont le seul tort est d’avoir tendu la main à Séverine Laurent, ex-compagne de Fornasari. Une main que Florence Ludi serrera dévastée le 6 décembre 2002, alors que Robert vient de mourir de deux balles dans le visage.
La méthode de la balle dans la tête
La cour et les jurés ont suivi à la lettre les réquisitions de l’avocat général Marie Nina Valli qui, hier matin, a concentré ses premières attaques sur Émile Fornasari, « homme jaloux et possessif ». « La rencontre fortuite de Séverine Laurent et Robert Ludi chez un glacier signe l’arrêt de mort de M. Ludi.» Fornasari, braqueur professionnel, qui comparaissait pour la sixième fois devant une juridiction criminelle, voulait empêcher Séverine Laurent de refaire sa vie. Il était aussi prévu de mettre deux bombes dans la pizzeria du « Krel », surnom du premier compagnon de Séverine Laurent. « Robert Ludi est la victime expiatoire pour punir Séverine », souligne l’avocat général. La méthode utilisée, celle de la balle dans la tête, est éprouvée. Le magistrat rappelle les meurtres de Guendouz, Lepage, Villeu, Tasselli, Barbay… imputés par la brigade criminelle de la police judiciaire (PJ) de Nice à Michel Lambin, alias, le berger de Caussols. « Un tueur à gages, un tueur par délectation, un manipulateur », martèle Marie Nina Valli. L’évocation pendant une journée de ces affaires prescrites a sans doute pesé lourd dans la balance. « Elles ont pollué le procès », regrette Me Tina Colombani, avocate d’Émile Fornasari. « On vous dépeint un monstre pour vous choquer », s’insurge Me Isabelle Gortina, conseil de Lambin.
Fornasari innocenté par l’accusatrice
Me Colombani plaide pour « le grand oublié de la presse et des témoins. Certains jours sont passés sans même que le nom de Fornasari soit prononcé. » La défense ne croit pas à ce contrat, à cette mort à crédit exécutée en 2001, deux ans après des menaces et payé en 2004, trois ans plus tard : « Ce n’est pas sérieux. On a reconstitué un puzzle avec des pièces qui ne vont pas les unes avec les autres», s’indigne Me Colombani : «Même Nicole Rossi, l’ex-compagne de Lambin dont les révélations ont relancé l’enquête, met hors de cause Emile Fornasari » Me Gortina, à l’instar de son confrère, énumère les lacunes de l’enquête, les pistes inexplorées et focalise ses attaques sur Nicole Rossi : « Elle parle et elle ment. Des petits mensonges, et de très gros .» La justice, faute de preuves, avait clos deux enquêtes successives. Une seule phrase de Nicole Rossi – « Lambin m’a dit qu’il avait tué le gardien d’école »–a tout relancé. « C’est tout un montage », s’était insurgé Fornasari avant que la cour ne parte délibérer.