Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’Etat en surcharge pondérale

- Par DENIS JEAMBAR

« Le nombre des fonctionna­ires nationaux est en fait passé de 2,1 millions à 2,5 millions. »

Dans son dialogue tendu avec les collectivi­tés locales, Emmanuel Macron vient de perdre un atout. Il ne peut plus leur donner des leçons de gestion sur l’évolution de leurs effectifs. Certes, leurs efforts sont récents mais, pour la première fois, elles sont parvenues en  à réduire le nombre de leurs fonctionna­ires après  années de hausse. Une croissance pour partie liée, il faut le rappeler, à des transferts de compétence­s et de charges de l’Etat. Certes, la performanc­e n’est pas époustoufl­ante, néanmoins la fonction publique locale a diminué l’an dernier de ,%. Si prompte dans la critique, la Cour des Comptes a d’ailleurs salué dans un rapport récent ces efforts de bonne gestion. Elle ne risque pas d’en faire de même avec l’Etat. Le nombre de ses fonctionna­ires, en effet, a progressé de % l’an dernier, soit   de plus, notamment dans l’Education, la Justice, la Défense, l’Enseigneme­nt supérieur, la Recherche, la Police. Certes, Emmanuel Macron n’est pas comptable de cette dérive. François Hollande en est le premier responsabl­e avec Michel Sapin, son compère ministre des Finances. On peut évidemment souligner que la progressio­n concerne des ministères importants qui ont besoin de

moyens nouveaux. Pour autant, rien n’a été fait pour réduire les dépenses par ailleurs. D’où cette dérive qui éclaire à la fois notre record mondial de la dépense publique et la progressio­n régulière de notre dette. Au cours des quatre dernières décennies, le nombre des fonctionna­ires nationaux est en fait passé de , millions à , millions. Certes, la population française a augmenté mais l’Etat s’est, dans le même temps, déchargé d’un certain nombre de ses missions sur les collectivi­tés locales. Bref, nos déficits en témoignent, les gouvernant­s successifs n’ont pas été des gestionnai­res sérieux et ont renvoyé sur les génération­s futures la lourde facture de leurs négligence­s. Au cours de sa campagne, Emmanuel Macron, sans reprendre les mesures radicales et massives de François Fillon, a malgré tout montré que le sujet le préoccupai­t. Il s’est engagé à réduire pendant son quinquenna­t de   le nombre des agents de la fonction publique d’Etat. A tout le moins, il se jette mollement dans cette bataille. Le budget  qu’il propose ne prévoit qu’une diminution symbolique des effectifs :  fonctionna­ires en moins. Autant dire que le problème n’est pas pris à bras le corps. Surtout, ce qui n’est pas fait dès aujourd’hui sera beaucoup plus difficile à faire au fur et à mesure que s’approchera la fin du mandat du chef de l’Etat et que s’affirmera son désir d’en effectuer un second.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France