Clerc dans sa tête
En l’absence de Tuisova et Radradra, l’ancien international va de nouveau dépanner à l’aile. Plutôt que de focaliser sur un éventuel 99e essai, il veut donner son meilleur pour le groupe
À36 ans et après une première saison au RCT quasi blanche, pourrie par deux ruptures du tendon d’Achille, Vincent Clerc n’a pu se résoudre à mettre un terme à sa carrière aussi brutalement. 67 sélections, 98 essais inscrits en Top 14, trois titres de champions d’Europe, trois autres de France, un titre de vice-champion du monde en 2011, l’enfant d’Échirolles, devenu star à Toulouse, affiche aujourd’hui un des plus beaux palmarès du rugby français. Mais il n’a pas abandonné l’espoir de l’enrichir encore un peu avant de tirer vraiment sa révérence. Non pas pour satisfaire son ego, mais juste pour aller au bout de son histoire... Ne rien regretter quand il se retournera sur son passé. De retour à la compétition ce week-end, Vincent, dont le compteur essai est resté bloqué à 98 l’an dernier, aura donc une nouvelle occasion d’aller titiller le record d’essais inscrits en Top 14, établi à 100 et toujours détenu par Laurent Arbo. Mais il se garde bien de focaliser sur cet objectif accessoire : «La barre des 100 ? Elle est là, mais je m’en suis détaché, affirme le serial marqueur. Si ça devient une priorité, on ne joue plus de la bonne façon et c’est un coup à passer à travers son match. Je cours bien sûr après la performance, et c’est aussi finir les coups... Il faut que ça se présente. Je me déplace pour ça aussi, mais il ne faut pas en faire un focus absolu. Ce serait se tromper dans la démarche... »
« Prendre ce qu’on a à prendre »
Pas de risque que le bonhomme s’égare. La tête trop bien faite et trop pleine. Après avoir été invité à intégrer le week-end dernier le jury de Miss France pendant que ses copains ferraillaient à Bath, Clerc va avoir une nouvelle occasion de jouer et ne veut surtout pas la regarder passer : « Je travaille beaucoup pour jouer. J’étais à Castres, ça m’a fait beaucoup de bien. Là je suis content d’y être encore... Je me prépare chaque semaine pour jouer. L’investissement est le même de semaine en semaine. On se tient prêt » assure-t-il, tout à sa joie d’être encore là. Bien sûr, il aimerait pouvoir enchaîner : « Mais il faut prendre ce qu’on a à prendre, être performant dès qu’on m’appelle même si ce n’est pas régulier...» accepte celui qui passe désormais après les Radradra et autre Tuisova. Cette rencontre face à Oyonnax est donc une nouvelle occasion à saisir. Un nouveau moment fort à vivre. Et malgré la proximité des fêtes, il se sent totalement investi, tant physiquement que moralement : « Ça fait longtemps qu’on ne pense plus aux fêtes. On sait qu’on joue deux fois pendant cette période. Ce match est important. Il n’y a plus de match facile. On a envie de recoller au haut du tableau et de sortir avec une victoire. Il faut remettre la marche en avant. C’est important comptablement pour la suite. »
« En jouant moins, j’ai pu en faire plus »
Fort de son expérience et d’une préparation particulièrement longue, revoilà donc Clerc aux affaires, titulaire pour la 4e fois seulement, mais désormais fin prêt : « J’ai mis du temps à retrouver toutes mes sensations, reconnaît-il. Il m’a fallu beaucoup de travail en plus. Maintenant, la blessure est derrière moi. L’avantage en jouant moins, c’est que j’ai pu en faire plus. Maintenant, je suis vraiment dans une démarche de performance. » Déjà entrevu à son avantage, défensivement, à Castres, Vincent n’entend évidemment pas en rester là... Mais il ne s’emballe surtout pas et veut prendre son match à l’endroit.