Var-Matin (La Seyne / Sanary)

On chamboule tout

Nommé à la place Guy Novès, Jacques Brunel est décrit comme un entraîneur discret, proche de ses joueurs et pragmatiqu­e. Sa mission ? Redorer l’image du XV de France

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L’actuel manager de Bordeaux-Bègles, fines lunettes posées audessus d’une moustache poivre et sel, a forgé ces qualités au fil d’une longue carrière de technicien, débutée à la fin des années 80 à Auch, le club de son ami Jacques Fouroux. Avant l’UBB, reprise en main cet été et actuelleme­nt seulement huitième du Top 14, cette carrière s’est poursuivie en club à la tête de Colomiers (19951999), qu’il a mené à une victoire en Challenge européen (1998) et à une finale du championna­t de France (1999). Puis Pau (1999-2001) et surtout Perpignan (20072011), où il a ramené le Bouclier de Brennus (2009), attendu depuis... 1955! Entre-temps, le Gersois a entraîné les avants du XV de France (2001-2007), comme adjoint de... Bernard Laporte, qui l’a donc choisi pour prendre la succession de Novès. Sous les ordres de l’actuel président de la Fédération, il mettra en place le fameux « jeu par blocs » qui permettra aux Bleus de réaliser le Grand Chelem dans le Tournoi des six nations 2002. Un autre Grand Chelem (2004) et deux demi-finales de Coupe du monde (2003 et 2007) suivront pour Brunel, beaucoup moins en réussite à la tête de l’Italie (2011-2016), surtout dans la deuxième partie de son mandat.

« Un avant refoulé »

A Perpignan, « sa grande qualité a été de s’appuyer sur nos atouts, notre identité de jeu, nos forces sans vouloir tout révolution­ner, mais en ajustant nos faiblesses », expliquait il y a deux ans David Marty, ancien centre de Perpignan que Brunel a fait évoluer vers un jeu davantage porté sur le mouvement. « Sa force est sa capacité à tirer le meilleur d’un groupe, sans être dogmatique, en adaptant ses conviction­s », abondait le président de la Ligue Paul Goze, qui l’a fait venir à l’Usap quand il en était le président. Pragmatiqu­e, Brunel est également paradoxal : lui, l’ancien arrière aux relances virevoltan­tes, honnête joueur de première division dans les années 1970 et 80, s’est épanoui dans le travail obscur au côté des avants. « Oui, ce n’est pas commun. Cela prouve tout son intérêt pour le jeu. S’intéresser à la fois aux touches et aux mêlées, c’est une démarche très différente (que d’entraîner les arrières) », reconnaiss­ait Franck Azéma, qui a fait ses armes à ses côtés à Perpignan avant de prendre les commandes de Clermont. « C’est un avant refoulé. Il est plus proche, au niveau de la mentalité, des avants que des trois-quarts » , appuyait l’ancien Usapiste Grégory Le Corvec, qui se souvient que Brunel ne cessait de l’appeler pour le rassurer quand, frappé par une longue blessure, il était « pratiqueme­nt donné perdu pour le rugby ».

Peu expansif

Brunel est un homme de peu de mots, qui prend la parole seulement pour faire mouche. « Effectivem­ent c’est quelqu’un de peu expansif, on ne peut pas le nier. Mais en même temps c’est ce qui fait sa force. Il a des choses à dire mais toujours de manière réfléchie. Il sait faire passer ses messages, même si ce n’est pas quelqu’un qui voulait prendre la parole sans cesse et mettre en avant sa position hiérarchiq­ue », soulignait l’ancien Perpignana­is Olivier Olibeau. « Il est comme un chien de berger: il ramène tout le temps son troupeau mais sans trop aboyer », métaphoris­ait Franck Azéma. Ces qualités lui seront nécessaire­s pour remettre sur le droit chemin, d’ici la Coupe du monde 2019 au Japon , les Bleus, en totale perte de confiance. Le temps presse: le Tournoi des six nations débute le 3 février.

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(Photo AFP) Jacques Brunel, actuel coach de Bordeaux-Bègles, sera intronisé le  décembre à la tête de l’équipe de France de rugby.

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