AFRICA ECO RACE ( DÉCEMBRE- JANVIER) Jean-Louis Schlesser : « Une course unique »
Avant, il menait la course. Maintenant, il la conduit. Vainqueur puissance de l’Africa Eco Race au volant de son fameux Buggy bleu « made in », Jean-Louis Schlesser a changé de cap il y a quatre ans. S’il semble bel et bien rangé des voitures de course, à printemps, le directeur de l’épreuve bâtie sur les ruines du Dakar africain démarre en trombe quand on lui demande d’évoquer l’imminente dixième édition dont le plateau a fière allure. Le voilà donc qui plante le décor alors que le départ de Monaco se profile à l’horizon.
Jean-Louis, l’Africa Eco Race souffle déjà sa dixième bougie. Quel souvenir gardez-vous de la première édition ?
Je me rappelle d’abord de tous les regards braqués sur nous avant et après le départ. Compte tenu du contexte de l’époque, l’annulation un an plus tôt de la course qui empruntait ce tracé (le Dakar, ndlr), puis son déménagement de l’autre côté de l’Atlantique pour des raisons de sécurité, nombreux étaient ceux, acteurs ou observateurs des rallyesraids, qui ciblaient notre prétendue inconscience. On disait que nous prenions des risques inconsidérés. Bon, finalement, cette première caravane sonnait creux mais elle est allé au bout sans aucun problème. C’était donc possible !
Prendre le départ dans la peau de l’organisateur, c’est le même frisson, la même tension que lorsque vous pilotiez ?
Oui, à peu près... La pression existe tout autant. Jusqu’en , j’étais pilote mais aussi patron d’une écurie. Donc il y avait des problèmes à résoudre avant et pendant l’épreuve. Là, c’est pareil, sauf qu’il s’agit de soucis d’une autre nature, liés au déroulement de la course.
On dénombre une centaine de véhicules engagés cette année. L’objectif que vous visiez ?
Disons qu’on s’y attendait. À chaque départ, les concurrents sont de plus en plus nombreux dans toutes les catégories.
Comment l’expliquezvous ?
L’Africa Eco Race est une course unique. La seule qui arrive à Dakar, faut-il le rappeler ? Elle se distingue aussi des autres en mêlant modernité et tradition. Par exemple, le soir, pas d’hôtel ou de campement sur un aérodrome. Tout le monde partage un vrai bivouac dans le désert. Autre spécificité, les autos et les camions courent ensemble. Il n’y a pas deux classements distincts, comme ailleurs.
Monaco accueille le départ une troisième fois d’affilée. Vous avez signé un CDI avec la Principauté?
Non, mais le renouvellement se fait naturellement car on a face à nous des interlocuteurs passionnés et professionnels. À Monaco mais aussi à Menton où se déroulent les vérifications techniques et administratives. Tout le monde connaît le lien fort unissant Monaco aux sports mécaniques. Mais il n’y a pas que cela. Cette année, l’Amade (l’association mondiale des amis de l’enfance fondée en à l’initiative de la Princesse Grace) participe ainsi à l’une de nos actions éco-responsables et solidaires. Mille lampes solaires portables fabriquées au Burkina Faso seront offertes pendant le rallye à des enfants scolarisés dans des écoles mauritaniennes et sénégalaises en milieu rural non raccordées au réseau électrique.
Côté parcours, il paraît que votre ami René Metge a introduit plusieurs nouveautés. Quelles sontelles ?
Au Maroc, en effet, il a trouvé des pistes que l’on n’avait pas empruntées depuis , à l’image de la dernière spéciale vers Dakhla, entièrement inédite puisqu’elle n’aura jamais été aussi loin en tout terrain dans l’extrême sud du pays. Même chose après la journée de repos : une fois la frontière franchie, en Mauritanie, les concurrents vont découvrir des endroits magnifiques, notamment au-delà de Chinguetti. L’étape marathon baptisée ‘‘ miles’’ constituera aussi une première sur l’Africa Eco Race. Parcours % sable et dunes cathédrales au programme : de quoi permettre aux plus forts de faire la différence.
En auto, pensez-vous que le Varois Mathieu Serradori peut enfin imposer son Buggy et vous rejoindre au palmarès ?
C’est possible si on lui prélève un litre de sang avant le départ (il sourit). Mathieu, vous savez, il possède le talent et le machine pour gagner. Il a aussi un sacré tempérament, de la fougue à revendre. C’est un pursang. Donc peut-être qu’il faut lui en enlever un peu...
Dernière question : reverra-t-on Jean-Louis Schlesser derrière le volant ?
Pour l’instant, ce n’est pas prévu. J’ai gagné beaucoup de courses, vécu des moments extraordinaires. Un jour, il faut savoir tourner la page. Désormais, je me régale tout autant en suivant les étapes du ciel, dans mon petit avion. Place aux jeunes ! Moto , le Livre d’Or Par Michel Turco, éditions Solar, 120 pages, 29,99 €. La couverture annonce clairement la couleur. Noir, c’est noir ! Contrairement à d’habitude, le champion du monde MotoGP en titre ne trône pas en pole position sur la grille de l’ouvrage annuel de référence. Toulonnais de souche, notre confrère Michel Turco (Moto Revue, L’Equipe) se fait un plaisir de retracer la fabuleuse trajectoire de la Yamaha M1 du team varois Tech3 frappée du numéro 5. Une machine au guidon de laquelle Yohann Zarco le Cannois, débutant éblouissant, aura crevé l’écran en bousculant tous les gros bras de la catégorie reine, Marquez, Rossi, Dovizioso, Viñales et compagnie. Préface du boss Hervé Poncharal, anecdotes croustillantes, images saisissantes et statistiques complètes à dévorer sans modération...