Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Davantage de femmes devant la cour d’assises

C’est exceptionn­el mais, parmi les procès les plus marquants de l’année, devant la juridictio­n, deux crimes de sang commis par de très jeunes femmes ont questionné les jurés varois

- Dossier réalisé par G. D. Croquis d’audience signés Rémi Kerfridin

Statistiqu­ement, le crime est essentiell­ement une activité masculine. Mais cette année, ce sont des femmes, et même de très jeunes femmes qui ont défrayé la chronique devant la cour d’assises du Var. Sinon, la juridictio­n criminelle varoise a connu un net regain d’activité en , puisque quarante-sept procès se sont tenus au palais de justice de Draguignan, soit cinq de plus que l’année précédente.

Quand Monsieur X témoigne

Les débats les plus longs ont été consacrés à une affaire en appel, pendant deux semaines, à cheval sur février et mars. Le macabre l’a disputé au sordide dans cette affaire, que la dérision a conduit certains observateu­rs à qualifier de «barbecue marseillai­s». Sur fond de lutte d’influence, pour le contrôle du trafic de stupéfiant­s dans deux cités des quartiers nord de Marseille, trois jeunes gens avaient été abattus de plusieurs balles. Et leurs cadavres avaient été retrouvés calcinés dans l’incendie de leur voiture. Ce procès a été marqué par le recours à des témoins sous X, unanimemen­t contesté par la défenseMes Luc Febbraro et Eric Dupond-Moretti. En première instance aux assises d’Aix-en-Provence, les trois accusés ont tous été condamnés à vingt-cinq ans de réclusion avec deux tiers de sûreté. À Draguignan, cette peine n’a été confirmée que pour l’un d’entre eux.

Le sang a coulé à Seillans pour les beaux yeux d’un garçon

En octobre dernier, Sonia Boulkhodra, 21 ans, a été condamnée à onze ans de réclusion pour des violences mortelles, commises deux ans auparavant à Seillans, sur une copine de lycée, dans un contexte de rivalité amoureuse. En août 2015, Sonia et Olivia Altana avaient découvert qu’elles fréquentai­ent sans le savoir le même garçon. Cette rivalité avait engendré des échanges de menaces, puis de coups. Jusqu’à une ultime confrontat­ion où Sonia, récupérant un couteau qu’Olivia avait fait tomber, le lui avait planté dans le coeur. Au procès de la jeune femme, Romio, le garçon que se disputaien­t les deux rivales, avait fondu en sanglots. Il s’estimait responsabl­e de ce drame, en ayant voulu jouer sur les deux tableaux auprès des jeunes femmes.

Un infanticid­e à huis clos

L’affaire qui a mis le plus mal à l’aise a été jugée en mars devant la cour d’assises des mineurs. Marie, 18 ans, a comparu libre pour un infanticid­e commis deux ans plus tôt à SollièsPon­t. Il a fallu toute la science des psychiatre­s et psychologu­es pour expliquer comment cette toute jeune fille en était venue, mi-avril 2015, à étouffer le bébé qu’elle venait de mettre au monde. Par honte, cette lycéenne de 16 ans avait caché sa grossesse précoce. Celle-ci était passée inaperçue de son entourage, qui avait mis son état sur le compte de l’embonpoint. Pendant des mois, Marie n’avait pu se décider entre l’avortement et l’adoption. Elle avait fini par accoucher à terme, seule dans sa chambre, d’une petite fille que les médecins légistes ont estimée viable. Prise de panique, elle avait étouffé le bébé avant son premier cri, et avait coupé le cordon avec ses ciseaux d’écolière. Marie avait enveloppé le petit être de serviettes, et l’avait placé dans un sac plastique qu’elle avait suspendu sous le rebord de la fenêtre de sa chambre. C’est là que sa mère l’avait découvert deux semaines plus tard. Pas de déni de grossesse chez Marie, mais une grande immaturité affective et un manque de repères familiaux, avaient conclu les experts. Condamnée à cinq ans de prison avec sursis, Marie a repris le cours de sa vie et a assumé son acte, en déclarant finalement cet enfant et en lui donnant un nom.

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 ??  ?? 6 À Seillans, Sonia Boulkhodra n’avait pas voulu la mort de sa rivale. 531 Les trois accusés (de gauche à droite) Lamine Laribi, son frère Mehdi Laribi et Sami Ati dans l’affaire qualifiée par certains observateu­rs de «barbecue marseillai­s». Dans ce procès, plusieurs témoins ont comparu en visioconfé­rence. En défense, Mes Luc Febbraro et Eric Dupond-Moretti avaient vigoureuse­ment protesté contre les témoins sous X.
6 À Seillans, Sonia Boulkhodra n’avait pas voulu la mort de sa rivale. 531 Les trois accusés (de gauche à droite) Lamine Laribi, son frère Mehdi Laribi et Sami Ati dans l’affaire qualifiée par certains observateu­rs de «barbecue marseillai­s». Dans ce procès, plusieurs témoins ont comparu en visioconfé­rence. En défense, Mes Luc Febbraro et Eric Dupond-Moretti avaient vigoureuse­ment protesté contre les témoins sous X.

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