Pilote à suivre
Vainqueur de la finale de la Coupe de France des rallyes dans sa catégorie, l’Ollioulais ayant grandi au Castellet espère désormais participer à la ‘‘208 Rally Cup’’. Avis aux sponsors !
À seulement ans, Enzo Baraccani a le potentiel pour se faire une belle place dans les « spéciales ». Il ne lui manque qu’un soutien financier.
Le rallye, c’est une très belle passion, mais ça coûte cher”
Sa route était tracée. Fils de copilotes s’étant « rencontrés sur un rallye » et ayant grandi à Sainte-Anne du Castellet « en dessous du circuit », Enzo Baraccani était destiné à s’installer dans un siège baquet. Spectateur dès son plus jeune âge, le Toulonnais de naissance (24 ans) passe de l’autre côté de la barrière à 17 ans. Le ‘‘petit’’ Baraccani est copilote comme papa et maman… mais il ne se sent pas à sa place : lui, il veut être dans le baquet de gauche, au volant. C’est son « rêve de gosse » et il en parle à Grégoire Bouchet : voisin et confrère de ses parents garagistes(1), ce carrossier à Signes lui offre sa chance… et une Citroën AX (120 chevaux), « une petite voiture pour commencer, pour apprendre ». Et Enzo apprend vite. Pour sa première en tant que pilote, il termine quatrième dans sa catégorie
(N1) au Rallye du Mistral 2013 : « C’était un week-end de folie ! ».
Le Castellan semble bien
parti… mais n’embraye pas : « On a essayé de monter un projet avec M. Bouchet pour ‘‘rouler’’ en 2014 mais on n’a pas trouvé le budget… Alors, on a vendu l’AX… ». Le chauffeur-livreur ne s’arrête pas là. Il « fai (t) des économies toute l’année » et, grâce à un « coup de main énorme » de ses parents, participe en novembre 2014 au Rallye du Var, l’épreuve reine du championnat de France, sur laquelle le roi Sébastien Loeb vient encore user ses gommes. A bord d’une Peugeot 106 (150 chevaux) de location, Enzo Baraccani s’impose dans sa catégorie (A6) ! « Ça, je n’en rêvais même pas… »
L’argent, essence de la compétition
Cette fois, le Castellan paraît vraiment lancé… mais est encore stoppé par le manque de budget, l’essence de la compétition automobile : « Le rallye, c’est une très belle passion, mais ça coûte très cher… ». Alors, il passe 2015 à ronger son frein, à refaire des économies pour mettre toutes les chances de son côté pour 2016. Le désormais résident d’Ollioules loue une Citroën C2 de 200 chevaux, « une vraie voiture de course, avec boîte séquentielle, gros freins, etc. ». Et il reprend la compétition « à domicile » ,au Rallye de la SainteBaume. Mais la déception est à la hauteur de ses espérances : « L’auto ne ‘‘marche’’ pas, la boîte et le moteur cassent… ». Cette année-là sera marquée par les « pépins » : mécaniques, avec également une casse d’embrayage sur la C2 au Rallye de la Vésubie… que le jeune homme termine malgré tout « 2e en catégorie R2 à 3 secondes du 1er » (!) ; et humain, avec une sortie de route au Rallye de Fayence qui lui coûte cher. Car cela le prive de la C2 pour le Rallye du Var, qu’il refait tout de même, mais avec une ‘‘petite’’ Citroën Saxo (150 chevaux)… et termine au deuxième rang de sa catégorie. L’Ollioulais repart pour 2017 avec la C2 et la perspective de la finale de la Coupe de France des rallyes lors de l’épreuve de la Sainte-Baume, en octobre: « Avec mes parents, on s’est dit en rigolant que j’allais me qualifier et, sérieusement, on s’est sacrifié pour que je fasse une saison complète et que je participe à cette finale ». Au terme d’une année faite de hauts et de bas, entre abandons, changements de voiture ( «LaC2 ne m’aimait pas ! ») et victoires, Enzo arrache son sésame lors de la toute dernière épreuve sélective… Passé au volant d’une Peugeot 208, Baraccani va “casser la baraque” lors de cette finale : il remporte la catégorie R2 ! « C’est une victoire magique ! Je m’attendais à tout sauf à ça : je n’aurais jamais imaginé gagner ».
Nouvelle vie
Sa vie va alors commencer à changer. Déjà parce qu’il rencontre Cindy Priolo, une copilote qui devient aussi rapidement sa passagère en rallye que sa compagne dans la vie : « Cela s’est fait naturellement. On a décidé de participer ensemble au Rallye du Var en novembre et c’est grâce à elle que l’on a pu le faire », toujours à bord de la 208 R2 et parmi les concurrents de la “208 Rally Cup”, formule de promotion organisée par Peugeot Sport… dont le duo prend la deuxième place. Ensuite parce que ses expériences réussies avec la 208 lui donnent envie de passer la vitesse supérieure et de participer à toute la saison de la 208 Rally Cup 2018 : « On a montré que l’on était capables d’aller vite sur de gros rallyes et, dans cette formule de promotion, on a tous la même voiture, tout se joue au pilotage ». Mais cela a une fois de plus un prix… et lequel ! 85 000 euros pour les sept épreuves au programme ! Enzo et Cindy vont donc déjà courir après les sponsors cet hiver et pas seulement les “petits”, comme ceux qui ont déjà soutenu l’Ollioulais cette année et dont les prénoms ont été imprimés sur le capot de son bolide. « Nous espérons déjà trouver le budget pour être au départ de la première manche, le Rallye Terre des Causses, du 30 mars au 1er avril », quitte à procéder par étapes ensuite. L’essentiel pour Enzo Baraccani est d’arriver à donner un véritable coup d’accélérateur à sa carrière.