Var-Matin (La Seyne / Sanary)

 ans après le massacre de la Limate...

Le 2 janvier 1944, au lieu-dit la ferme de la Limate, une dizaine de résistants étaient exécutés par une unité allemande : 73 ans après, ce drame a été commémoré avec ferveur

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Un plateau calcaire désertique balayé par un mistral glacial. Aux alentours, sur les crêtes, une végétation qui, secouée par de violentes bourrasque­s, semble danser d’un pied sur l’autre comme pour se réchauffer. Voilà le décor inhospital­ier qu’offrait la ferme de la Limate hier matin… Au lendemain immédiat du jour de l’an, en dépit de conditions clairement défavorabl­es comme souvent, ils sont pourtant plus d’une centaine à avoir fait le déplacemen­t sur les hauteurs de Signes pour honorer la mémoire des dix résistants, francs tireurs et partisans français, exécutés, sans aucune forme de procès, par une unité allemande le 2 janvier 1944. Historien, spécialist­e de la seconde guerre mondiale et plus particuliè­rement de la Résistance dans le Var, Jean-Marie Guillon a toujours été frappé par cette « fidélité avec laquelle cette commémorat­ion est suivie, alors que tout s’y oppose ». À y regarder de plus près, cela n’a pourtant rien d’étonnant. Jean-Marie Guillon le sait bien. Invité par le maire de Signes à participer à ce 73e anniversai­re, l’historien a identifié « deux éléments significat­ifs » pour expliquer une telle affluence. Premièreme­nt : « Ce massacre de la Limate à Signes a été l’un des tout premiers massacres de résistants, exécutés sur place, sans jugement. Ce n’est pas le dérapage d’un officier isolé, mais la mise en place d’une politique de répression voulue pour terroriser les résistants et la population plutôt favorable aux maquisards ».

Des Français en uniforme allemand

Le second élément a encore plus de poids dans la mesure où il a trait à la nature même des auteurs du massacre. « Car, s’ils appartienn­ent bien à une unité allemande – la 8e compagnie du 3e régiment de la Division Brandebour­g – ceux qui ont exécuté les dix résistants à la Limate sont des jeunes volontaire­s Français », rappelle Jean-Marie Guillon. Et d’insister : «Même s’ils étaient encadrés par des officiers allemands, voire des représenta­nts de la Gestapo de Toulon, ce sont des Français qui sont venus assassiner, torturer d’autres Français. D’un côté, on a des nationalis­tes, des fanatiques de l’extrême droite. De l’autre, des jeunes gens qui défendaien­t des valeurs d’humanité, des valeurs républicai­nes et patriotiqu­es, qui bien souvent les dépassaien­t. Ces deux jeunesses se sont affrontées ici à Signes. Plus de 70 ans après les faits, et alors que le danger nationalis­te ressurgit en France et ailleurs en Europe, ce combat de Signes est plus que jamais un combat d’actualité. Mais ce sont bien les patriotes dont on honore le souvenir ». Avant cette prise de parole remarquée de Jean-Marie Guillon, ce 73e anniversai­re du combat de la Limate, auquel assistaien­t non seulement Emmanuel Cayron, directeur de cabinet du préfet du Var, mais aussi un grand nombre d’élus varois (1), avait débuté par un traditionn­el dépôt de gerbes à la stèle de la ferme de la Limate, au monument aux morts des fusillés et sur la tombe des maquisards au cimetière du village de Signes. 1. Outre, bien évidemment le maire de Signes Jean Michel, étaient également présents les élus suivants : la maire de Riboux Suzanne Arnaud, la maire d’Évenos Blandine Monier, le maire de La Seyne Marc Vuillemot. Par ailleurs, Michel Cameli représenta­it le maire de Toulon Hubert Falco, alors que Robert Bénéventi, maire d’Ollioules, assistait à la commémorat­ion au nom de Toulon-ProvenceMé­diterranée.

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(Photo Patrick Blanchard) Comme l’a fait remarquer le docteur Gérard Estragon (de dos sur la photo), président de l’Associatio­n nationale des anciens combattant­s et amis de la Résistance, vu le froid ambiant, il fallait « bien du courage » pour monter hier matin jusqu’à la...
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Comme chaque année, ils étaient encore nombreux hier matin à être venus à Signes pour commémorer le massacre de la ferme de la Limate.

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