Charlie Hebdo : « Ils veulent retrouver l’éclat de rire»
« Depuis un an je travaille quasiment à temps complet pour Charlie Hebdo. C’est devenu ma passion », s’enthousiasme Claude Ardid. qui explique avoir toujours entretenu des liens avec l’hebdo satirique depuis l’aventure « Charlie saute sur Toulon » en 1995. Dans le journal, il signe de longues enquêtes. « Ils m’ont demandé de les rejoindre pour pouvoir revenir sur une actualité à chaud. Le rythme, c’est une grosse enquête par mois », calcule-t-il en confiant avoir été marqué par ses sujets sur le recul de la laïcité, la montée de l’islam radical ou le repli identitaire. « Après des années de télé, je redécouvre un plaisir énorme lié à la liberté d’écriture ». Pas question cependant de faire comme si Charlie était un journal comme les autres. Après l’attentat, la pression est énorme. « C’est un journal en état de siège depuis deux ans et demi », confie Claude Ardid, qui, pour des raisons de sécurité, ne peut même pas donner au taxi l’adresse exacte de la rédaction quand il s’y rend. « Quand j’arrive à Charlie, tous les mercredis, je ne suis pas tranquille. Il faut savoir que ça coûte plusieurs centaines de milliers d’euros par an de protéger Charlie.» Avec 19,5 millions d’euros en banque récoltés lors de l’élan d’adhésions enregistré après le massacre,
Cette année, j’ai eu ans et, depuis ans, je mens sur mon âge. Parce que, quelle que soit ta branche d’activité, dès lors que tu as dépassé ans, tu es mort. Alors, je triche ”
Charlie peut faire face et a compris, selon Claude Ardid, que la menace principale est peut-être autant derrière les portes blindées, que dans l’intimité du traumatisme et son impact sur l’âme du titre. « Récemment, Riss (le directeur de la rédaction, NDLR) adit “Charlie a toujours été subversif, provocateur, cynique, anticlérical, antiinstitutionnel (...). Il faut faire un journal subversif tout le temps”. Ça me rassure de voir qu’ils veulent rester fidèles à leur ADN du cynisme, de la provocation de l’éclat de rire… Ils veulent retrouver l’éclat de rire et ont une façon de déconner qui me sidère. Être là, avec eux, c’est un honneur. »