Les braqueurs de St-Tropez toujours en fuite
Le vol spectaculaire de 500 000 euros de bijoux, mardi soir, a déclenché une vaste poursuite à pied dans les rues du village. Les malfaiteurs qui ont fait feu ont pour l’instant disparu
Plus de 24 h après le braquage de bijoux au salon des Antiquaires de Saint-Tropez, le dispositif opérationnel est à la hauteur du vol commis et des tirs visant des militaires : quelque 115 hommes du corps de la gendarmerie ont été déployés dans le village de St-Tropez, en moins de deux heures.
Nuit de mardi mouvementée
Entrées de la cité sous surveillance. Contrôles d’identités aléatoires. Habitants de la Ponche confinés chez eux : les gendarmes locaux, la brigade de recherche, le Psig, les motards de la BMO, la section de recherche de Marseille (14 OPJ), avait le champ libre pour parvenir à l’arrestation des quatre auteurs en fuite à pied dans le village. Un hélico, en provenance de Montpellier, complétait le Plan Epervier toujours en vigueur hier soir, et a balayé avec un puissant projecteur un périmètre élargi, entre 22 h et minuit.
Ce que l’on sait du braquage
Avant de débarquer avec fracas dans le salon, les malfaiteurs, qui ont traversé la place des Lices, ont pu apparaître pour des chasseurs en treillis : de nuit, fusil dissimulé sous les vestes, seuls les masques pouvaient trahir un mauvais coup, mais à St-Tropez, les apparences fantasques ne sont pas improbables... Les quatre individus ont grimpé directement à l’étage pour se diriger vers le stand de Francine Joaillerie « ciblée », selon le parquet qui n’a pas validé « la présence d’un élément féminin » dans la bande.
Les bijoux dérobés
« Le préjudice estimé par la victime est de 500 à 600 000€, précise le parquet. Des pièces en or, des montres. Pas de décompte détaillé. Elle avait exposé en valeur, pour 1 M d’euros de bijoux ». Selon nos informations, il n’y avait pas d’agent posté pour la sécurité de l’événement au moment des faits. Une caméra de surveillance est, en revanche, positionnée sur la voirie, pile en face l’entrée de l’exposition.
Le circuit des braqueurs avant de disparaître
Alors que les braqueurs fracassent les vitrines, au rezde-chaussée, les exposants alertés de la situation, fuient dans la panique. À proximité immédiate de la scène, Thierry a vu repartir « quatre individus en ligne, l’un vêtu d’une longue parka. J’ai cru que c’était des militaires. Au milieu de la place, l’un d’eux s’est retourné et ils ont accéléré vers la traverse des Lices ». Puis, de la rue du Temple, ils bifurquent dans la rue de la Résistance. C’est à ce moment-là qu’une patrouille de la brigade de St-Tropez, qui avait repéré le manège sur la place des Lices, revient sur leurs talons. Le gang est à moins de deux cents mètres et progresse sur le trottoir quand les gendarmes effectuent leurs sommations. Cette intervention a-t-elle obligé le commando à changer de plan ? Ils traversent la chaussée, font face et des tirs retentissent. Cinq douilles seront retrouvées sur le sol, «une seule rafale » selon un habitant du quartier. « Les calibres correspondent à des armes longues, de type fusilmitrailleur », évoque le parquet. Pas de tir de riposte des militaires, le secteur est très résidentiel, ils sont dans la rue. « Ils étaient dans une situation de légitime défense, mais ils ont fait le bon choix », indique le procureur-adjoint Pierre Arpaïa. Les braqueurs sont aperçus par des riverains, traversant rapidement la résidence « Les Echelles du Levant » (ancien hôpital) et débouchent sur l’avenue Foch. Là, aucune chance qu’ils aient repris la direction de la place des Lices. Ils n’ont pas non plus été aperçus en direction des Salins. Un véhicule les attendait-il pour permettre leur échappée ? Autre issue : juste en face, à travers la cité Mistral pour rejoindre la Citadelle que les enquêteurs ont largement fouillée cette nuitlà.
Bande organisée ?
Le mode opératoire laisse penser que la bande était bien organisée. Même avec une fuite à pied ? « Ils pensaient peut-être que leur véhicule serait intercepté plus facilement devant le lieu d’exposition. Une voiture-relais était-elle stationnée à proximité de la place des Lices ?», échafaude le parquet. Pour l’instant, les auteurs ont réussi leur deuxième coup : disparaître des écrans radar.