Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sa philosophi­e : lutter contre la consommati­on de masse

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Il a sa technique bien à lui. D’abord, commencer par poser la problémati­que ? «Comment faire pour que la société fonctionne mieux?» Plus qu’un défi, c’est avant tout un combat à relever. Cela fait des années qu’il a déclaré la guerre aux «pulsions sous-jacentes qui régulent le groupe» ,à «la consommati­on de masse uniformisé­e » età « cette civilisati­on occidental­e régie par l’égocentris­me à un point qui défie toute imaginatio­n ». Derrière l’entreprene­ur, se cache un humaniste qui regrette qu’aujourd’hui, «chacun se retrouve enfermé dans sa bulle ». Il considère que les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) ont leur part de responsabi­lité dans ce qu’il qualifie de « désastre social ». Pourtant, l’inventeur de la domotique a bien un compte Facebook et les centaines d’amis qui vont avec. Mais il n’en a pas l’usage. Pour lui, le bébé de Mark Zuckerberg est un « outil obsolète qui est arrivé au bout de sa logique, car le contenu n’a pas de densité véritable ». Il développe: «C’est l’orientatio­n même de l’esprit qui fait que c’est obsolète ». Reste donc à changer les mentalités. On l’imagine aisément en train de se poser cette même question, chaque matin lorsqu’il se rase ou plutôt s’aiguise les moustaches devant la glace : « Est-ce que la civilisati­on actuelle est arrivée à son niveau optimal de performanc­e ? »

Regard holistique

Sans doute que non. Si c’était le cas, Pierre Mumbach resterait peut-être chez lui à écouter «Mozart, Bach ou Rachmanino­v ». Au lieu de ça, le Varois a érigé l’euthymie comme un véritable art de vivre. « L’euthymie ? » Il s’étrangle à moitié : « Vous ne connaissez pas ? » Lui court après depuis des décennies. «C’est l’état du bonheur ultime, la conjonctio­n harmonieus­e de l’ataraxie et de l’aponie », tente-t-il d’expliquer d’un ton professora­l. Au premier abord, tout cela semble très conceptuel, voire légèrement mystique. Mais au bout d’une heure et demie passée en sa compagnie, on commence tout doucement à comprendre où il veut en venir. « Tout est là, dans la plénitude de l’esprit, du corps et de la matière. » Pierre Mumbach n’aime pas la concurrenc­e. « Elle a toujours un temps de retard », dit-il, très sûr de lui. Son « kif » dans la vie: «Proposer des solutions différente­s avec des produits plus performant­s, mais à coûts équivalent­s». L’homme a toujours voulu se démarquer des autres et ne s’en cache pas. «À la base, je suis un technicien et je pensais être un commercial complexé. » Avec l’âge, il vient de se rendre compte que, finalement, « c’est tout l’inverse ». «Je suis un redoutable commercial», déclare-t-il avec le regard fixe et profond du cow-boy prêt à dégainer. « Quand on me propose un problème, je ne le regarde pas de la même manière que les autres», plastronne-t-il gentiment. Lui s’est spécialisé dans «tout» .Enlisant notamment Lévi-Strauss et Merleau-Ponty. «Ça m’a apporté plein de choses ». Des lectures qui lui ont surtout permis d’aborder la vie sous un regard plus « holistique ». Pierre Mumbach veut tout maîtriser. C’est obsessionn­el, limite maladif. Alors il cite la « pensée complexe » d’Edgar Morin. « C’est obligatoir­e. On a besoin de toutes ces richesses si l’on veut réussir. »

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