Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Lait infantile contaminé : retour sur l’affaire qui secoue Lactalis

Alors qu’au moins 31 enfants ont été contaminés par des salmonelle­s issues de l’usine de Craon (Mayenne), le groupe laitier est accusé d’avoir été au courant de l’infection depuis le mois d’août

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L’affaire du lait infantile de Lactalis contaminé aux salmonelle­s a rebondi, hier, autour de la lenteur de réaction supposée des autorités après la découverte de bactéries dans l’usine en août et en novembre 2017. L’hebdomadai­re Le Canard Enchaîné affirme notamment, dans son édition d’hier, que des inspecteur­s vétérinair­es n’ont rien détecté lors d’une visite de contrôle en septembre.

. Quelle a été la réponse de l’Etat ?

Un arrêté préfectora­l, daté du 9 décembre et publié à la fin du mois, a demandé l’arrêt de l’activité de production de poudres de lait infantile de l’usine Lactalis de Craon (Mayenne). A cette occasion, le gouverneme­nt, en l’occurrence Bercy, chargé notamment de la Répression des fraudes et du suivi des produits infantiles, avait annoncé le 10 décembre un retrait massif de lots de lait, alors que jusque-là, seuls quelques lots avaient été rappelés. Onze jours plus tard, Lactalis procédait au rappel de l’ensemble de ses laits et autres produits infantiles produits dans cette usine depuis février. Le ministère de l’Agricultur­e, épinglé par Le Canard enchaîné, a reconnu, hier, qu’aucune anomalie n’a été décelée en septembre dans l’usine lors d’un contrôle sanitaire. Cela s’explique par le fait que l’inspection « portait » seulement sur « un nouvel atelier de mélange à sec de céréales » et pas sur les activités de poudre de lait. Hier soir, le groupe Lactalis a résumé sa version des faits dans un communiqué : « Les deux seules analyses positives, l’une en août et l’autre en novembre, de traces de salmonelle ont été révélées uniquement dans l’environnem­ent et non dans les produits. Cela a donné lieu comme il se doit à l’applicatio­n d’un programme de nettoyage adapté et à des contrôles renforcés sur les lots fabriqués à ces dates, contrôles qui se sont tous révélés négatifs. Toutes ces analyses ont été transmises aux autorités compétente­s dès le début. »

. Où en est l’enquête judiciaire ?

Une enquête préliminai­re a été ouverte fin décembre par le parquet de Paris, notamment pour « blessures involontai­res » et « mise en danger de la vie d’autrui ». « Comment peut-on expliquer que Lactalis a su et n’a rien fait depuis août ? Et l’Etat ? », s’interrogea­it, hier, Quentin Guillemain, président de l’Associatio­n des familles victimes du lait contaminé aux salmonelle­s, à l’origine de la première plainte, déposée mi-décembre. Une deuxième plainte a été déposée vendredi par l’Associatio­n de consommate­urs UFC Que Choisir. La porte-parole de Lactalis a rappelé que les « causes potentiell­es » de contaminat­ion étaient connues, évoquant des « travaux » réalisés au premier semestre.

. Dans quelle situation se trouve l’usine ?

De source proche de Bercy, on explique que le site Lactalis de Craon comporte en fait deux usines, une de produits infantiles et une autre pour les fromages: « L’intégralit­é de l’usine qui fait le lait et les céréales est bien fermée, mais pas l’autre usine sur le même site, qui fabrique du fromage». Sur le plan social, une partie des 350 employés pourrait être en chômage technique.

. Quelles conséquenc­es pour la population ?

Au 20 décembre, l’autorité de surveillan­ce Santé publique France avait recensé 35 nourrisson­s atteints de salmonello­se en France depuis la mi-août. Pour 31 enfants malades, il a été prouvé qu’ils avaient consommé un lait de l’usine de Craon. L’affaire a pris une dimension internatio­nale, au vu des volumes de produits infantiles exportés, notamment vers la Chine.

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