Dirty Dancing, l’histoire originale sur scène, ans après
Trente ans après sa sortie dans les salles, le film culte se décline en 3D via un spectacle chanté, dansé et joué qui passera par Toulon le 31 janvier, Marseille le 6 février et Nice le 8 avril
On ne laisse pas Bébé dans un coin »;« essaie de faire mousser ton spaghetti et en attendant, laisse le reste pour les gros calibres ! » Tantôt tout sucre tout miel ou carrément improbables, dignes même parfois des dialogues de Michel Audiard, les répliques de Dirty Dancing fusent avec la même verve depuis 1987, date de la sortie du film. Des répliques aussi cultes que l’est la bande originale, avec des titres tels que l’irrésistible Time Of My Life. Sans oublier, bien sûr, le célèbre «porté» final, immortalisé par Patrick Swayze et Jennifer Grey. Après le succès du film puis du spectacle Dirty Dancing, vu en 2015 par 500 000 spectateurs, Dirty Dancing, l’histoire originale sur scène repart en tournée, avec un casting entièrement remanié et une nouvelle mise en scène.
Show à domicile et vidéos D en mondiale
« Ce qui nous a motivés pour entreprendre cette deuxième tournée qui durera jusqu’en avril 2018, explique Nicolas Ferru, l’un des deux producteurs du show, c’était de donner la possibilité à ce spectacle, connu dans le monde entier et qui a triomphé à Broadway comme à Londres, d’être déplacé chaque jour de ville en ville, en faisant ce que l’on appelle le back to back. Nous voulions aussi l’amener à domicile, dans des localités comme Gap, Dreux ou Montélimar, où de telles infrastructures ne se déplacent jamais. En passant par soixante lieux au total, un vrai challenge ! C’est pour cela que nous avons dû l’adapter, sans en faire un divertissement au rabais cependant : il y a vingt-cinq artistes sur scène, et c’est la première fois au monde que l’on verra, par exemple, des vidéos en 3D de la pension Kellerman, où se déroule l’action du film. » Côté casting, c’est sur Benjamin Akl, un jeune talent venu du monde de la danse urbaine, qui a participé notamment à la comédie Les Amants de la Bastille, Robin des Bois, Résiste et à une tournée avec Kylie Minogue, que la production a misé pour reprendre le rôle de Johnny Castle, alias Patrick Swayze. Allure féline, port altier et phrasé délicat, Benjamin, mélange de force et de douceur à l’instar du danseur comédien prématurément disparu, s’est imposé comme une évidence. « Ce qui m’a touché dans ce personnage, nous a-t-il confié dans sa loge, à l’issue de la représentation de Lyon, c’est sa dualité, cette force qui émane de lui et qui cache en réalité une grande sensibilité, que lui fera d’ailleurs découvrir Bébé. Il vit dans un contexte difficile, se retrouve même obligé de vendre ses charmes pour vivre, mais derrière sa dureté apparente, cette carapace qu’il s’est créée par la force des choses, bat un coeur tendre. »
Sujets tabous dans les années soixante
«Et puis Dirty Dancing, ajoute-t-il, au-delà du fait d’être un film-culte que les mères continuent de faire découvrir à leurs filles, c’est une belle histoire qui traite de sujets tabous à l’époque, comme la condition des noirs, l’avortement, les clivages sociaux... C’est un Roméo et Juliette version moderne. » Aussi fraîche et solaire que la jeune fille passionnée qu’elle incarne, Gaelle Pauly, originaire de Nancy, a très vite troqué ses chaussons de danseuse classique, sitôt arrivée à Paris, pour l’univers du théâtre et de la comédie musicale. « Avec Bébé, j’ai en commun ce côté fonceur, jusqu’au-boutiste, très positif. Mon côté enfantin ressurgit avec ce personnage, j’aime assez l’idée d’avoir dix-sept ans pendant deux heures sur scène.» Avec cet objectif commun aux deux artistes : apporter un peu de leurs singularités respectives sans dénaturer les personnages. « S’il y a une émotion qui passe, c’est gagné ! », sourient-ils. Autre artiste pleine de panache : Charlotte Bermond, qui incarne Penny Johnson, l’amie d’enfance de Johnny Castle. Danse classique dès l’âge de quatre ans, dix ans au sein de la compagnie Ballet jazz art, quelques télés, et la voici réalisant un rêve de petite fille avec Dirty Dancing .« J’ai revisionné au moins dix fois le film avant les auditions pour m’imprégner du rôle, comprendre le personnage complexe de Penny.» Vamp éblouissante en société, la jeune femme, enceinte et abandonnée par celui qui l’a séduite et appartient à un autre milieu que le sien, laisse libre cours à son désarroi loin des projecteurs. Un rôle campé avec brio par cette danseuse originaire de Bretagne.
Traverser la platitude de l’écran
Avec cette fois Corentin Mazo (qui incarnait Johnny dans le spectacle précédent) à la mise en scène, le show est forcément réglé au millimètre près, du premier au quinzième tableau. Fort de ses 150 représentations avec la première tournée, Corentin Mazo a su parfaitement coller au souhait d’Eleanor Bergstein, auteur du film : «Pendant des années, j’ai résisté au fait de transposer Dirty Dancing sur scène. Mais j’entendais dire que les gens regardaient le film encore et encore, et j’ai commencé à croire que ce n’était pas seulement pour le revoir, mais d’une certaine manière, pour être plus présent à l’histoire. Pour traverser la platitude de l’écran et se sentir physiquement au grand hôtel Kellermann, au milieu des personnages. » Pari réussi…