Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le boom des boutiques russes autour de Toulon

Alors que les pays orthodoxes s’apprêtent à fêter leur Noël, zoom sur ces épiceries russes qui depuis 2011 fleurissen­t dans l’agglomérat­ion et séduisent la clientèle slave, mais pas seulement

- LYLIAN CASIER lcasier@nicematin.fr

Elles ne poussent pas comme des champignon­s soviétique­s. Mais presque. Depuis 2011 et l’ouverture de la première supérette de produits « russes », sur le port de La Seyne, des petites « soeurs » ont fleuri ici et là, dans toute la métropole. Au point qu’on en compte aujourd’hui six sur un rayon d’environ 20 kilomètres avec quatre enseignes à Toulon et une à Hyères. « C’est vrai, ça peut paraître étonnant dans la mesure où il y a environ 700 russophone­s dans l’agglomérat­ion », décompte Youra Zapolsky, membre de l’église orthodoxe de Toulon. « Dans tout le Var, il doit y en avoir un peu plus d’un millier », estime, pour sa part, Lioudmila Dole, présidente de l’associatio­n « Les amis de la culture russe ». Selon elle, ces russophone­s « sont principale­ment des Ukrainiens ».

Un petit bout d’Ukraine sur la rade

En tout cas, la plupart des patrons sont originaire­s de l’est du pays qui vit naître Sergueï Bubka, il y a 54 ans. Et ils se connaissen­t bien même si leur s’ils se sont tous rencontrés dans l’Hexagone. « J’étais le témoin de mariage de Mykola, avec qui j’ai travaillé à Orange quand je suis arrivé en France, il y a treize ans », raconte, pour l’anecdote, Valeriy Andrushcha­k, le gérant du magasin seynois. Mykola Klymyouk et sa femme Natalia sont les patrons de la fameuse épicerie Chez le Russe , située place Gambetta et ouverte en 2013. Et c’est Valeriy, voyant le succès de son commerce seynois, qui a initié l’ouverture de la boutique de son ami à Toulon. « Je voulais lui rendre la pareille car il m’a beaucoup aidé quand je suis arrivé dans le Sud », se souvient cet homme au sourire communicat­if. À Hyères (lire ci-dessous) et au Pont-du-Las, mais aussi à SaintJean-du-Var, trois autres épiceries (Putinka, Matruschka, Katuscha) sont tenues par d’anciens employés ou des connaissan­ces de Valeriy et Mykola. « On les connaît, on se connaît tous, mais on ne travaille pas ensemble », explique Monica Tudorancea, gérante roumaine de la boutique Moscow sur l’avenue Foch , à Toulon, venue rejoindre son mari, lui aussi roumain, il y a sept ans.

« Prix abordables »

Mais comment expliquer le succès ? « On est l’épicerie du quartier, on propose des produits fins, des bons fromages, trente-neuf sortes de vodka… », énumère cette brune à la robe fleurie. « Il y a vraiment du choix. Produits frais, produits secs, surgelés… Et puis les prix sont plus abordables pour nous, et donc, pour les clients », ajoute Rida Bahloul, qui gère avec sa compagne, Violetta, la supérette du Pont-du-Las. Lui est Français et cherchait à monter un commerce depuis plusieurs années. « Je trouve que l’image des pays de l’Est, c’est un gage de sérieux, c’est vendeur », ajoute-t-il. « C’est propre, c’est rangé, on accueille bien les clients. Je pense que notre culture y est pour beaucoup », abonde Monica.

Des clients français

« C’est exotique, diversifié et on est reçu avec un franc sourire !», confirme Françoise, une cliente de Matruschka (Pont-du-Las) repartie avec des biscuits apéritif. Mais l’essentiel, pour comprendre le succès de ces magasins, est aussi d’intégrer que la clientèle est autant française que russophone. « Pour moi, c’est plus des troisquart­s », estime Rida. Chez le Russe, place Gambetta, c’est une bonne moitié, un peu plus à La Seyne. Et même si la grande majorité des produits vendus sont importés des pays de l’est, les marques françaises ne sont pas en reste (lire par ailleurs). « Mais il y a une vraie demande de nourriture typique de chez nous », confie Natalia.

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(Photos Patrick Blanchard) A Moscow, on vend environ  % de produits «russes» et  % de produits connus des Toulonnais. Pour d’autres, c’est l’inverse.

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