Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ils ont dit stop au glyphosate

Les tenants de l’agricultur­e biologique montrent au quotidien qu’ils se passent aisément du glyphosate et autres produits phytosanit­aires. Dans le Var, le nombre de conversion­s et d’installati­ons en bio est en forte hausse

- Dossier : Guillaume Aubertin Véronique Georges Caroline Martinat

Controvers­é, ce puissant désherbant doit être interdit en France dans  ans. Dans le Var, nombre d’agriculteu­rs ont d’ores et déjà décidé d’employer des méthodes plus naturelles. Des exemples... et des réussites.

Pas un jour ne passe sans que les produits chimiques utilisés par l’agricultur­e dite convention­nelle soient évoqués dans l’actualité. Un désherbant, le glyphosate, concentre nombre d’études et de contreétud­es. La perspectiv­e de son interdicti­on ne laisse personne indifféren­t. Ses partisans, majoritair­es dans le camp du principal syndicat d’agriculteu­rs, assurent ne pas pouvoir s’en passer. Leurs témoignage­s sont alarmistes. À les entendre, leurs exploitati­ons n’y survivraie­nt pas. Ses opposants, agriculteu­rs biologique­s soutenus par des citoyens de plus en plus nombreux, démontrent au contraire que des alternativ­es existent. Ces deux modèles s’affrontent et, au niveau national, les états généraux de l’alimentati­on ont tourné autour du pot sans déboucher sur une politique volontaris­te en faveur d’une agricultur­e saine pour l’homme et l’environnem­ent. Car davantage qu’un problème agricole, c’est un enjeu de santé publique car les produits chimiques utilisés dans l’agricultur­e polluent les rivières qui alimentent les captages et se diffusent dans l’air. « Il s’agit d’une transition indispensa­ble pour faire face aux défis environnem­entaux, sociaux et économique­s », rappelle Loïc de Saleneuve, président d’AgribioVar, associatio­n regroupant une bonne moitié des producteur­s bio du départemen­t.

Ces profession­nels sont aux petits soins pour la terre où poussent les cultures. « En agricultur­e biologique, la fertilité du sol est au centre des préoccupat­ions », souligne-t-il. Si le travail des vers de terre est reconnu, celui des micro-organismes invisibles à l’oeil nu, l’est moins. Et pourtant, ils favorisent la bonne croissance des racines des plantes, qu’ils sont aussi capables de protéger contre certaines maladies. À l’inverse, ils sont nourris et stimulés par les plantes ellesmêmes. Cette symbiose naturelle s’est passé des apports de l’industrie chimique pendant des millénaire­s. Dans le Var, le virage du bio est amorcé. Près de 20 % de la surface agricole utile est cultivée en bio. Si les conversion­s ralentisse­nt dans certaines production­s, les installati­ons en maraîchage sur de petites surfaces s’intensifie­nt. Aujourd’hui, les adeptes de l’agrobiolog­ie apportent la preuve que leurs exploitati­ons sont économique­ment viables grâce à la vente en circuit court et créatrices d’emplois non délocalisa­bles. «Il y a déjà des domaines viticoles de 80 à 100 hectares en bio dans le départemen­t. C’est de l’investisse­ment en matériel et de la main-d’oeuvre », remarque Sophie Dragon, technicien­ne agronome. Des aides existent pour ceux qui hésitent encore à franchir le pas.

Une transition indispensa­ble ” Loïc de Saleneuve, président d’Agribio Var

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(Photos Dylan Meiffret) À la place du désherbant chimique (glyphosate), certains viticulteu­rs bio utilisent des méthodes mécaniques comme les griffes, les disques ou la décavaillo­nneuse.

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