La vigne cultivée en bio une affaire de famille
Originaire de Saint-Tropez, la famille Barret s’est installée à Vidauban en 1968. En 1995, Hubert, le fils, a pris la relève de cette exploitation de 18 hectares, dans les Maures. Suite aux incendies de 2003, il a réduit sa surface de moitié et certifié ses parcelles en agriculture biologique. «Les collègues de mon père le traitaient d’arriéré parce qu’il refusait d’utiliser les produits chimiques. Ils disaient que ses vignes étaient sales parce qu’il laissait pousser l’herbe. Mais l’agriculture sale, ce n’est pas celle-ci, c’est celle qui pollue et empoisonne », dit cet ancien porte-parole de la Confédération paysanne.
Un problème sanitaire
« Mon père était chasseur, poursuit-il. Il avait remarqué que le petit gibier, les lièvres, les perdreaux ont été les premiers à trinquer quand les pesticides sont arrivés dans les exploitations voisines. Ils buvaient la rosée au bout des feuilles traitées, ou dans les ruisseaux pollués, ils devenaient malades, mourraient. Plus qu’un problème agricole, c’est un problème sanitaire. » Hubert Barret ne fait pas la guerre à tout prix à l’herbe qui pousse dans ses vignes. En hiver, il la laisse croître entre ses rangs, puis lorsque les conditions climatiques sont plus douces, il retourne la terre pour enfouir l’herbe, qui devient un apport nutritif pour le sol. Lorsque l’enherbement est trop important, il utilise des griffes ou des disques pour stopper son évolution. La bineuse décavaillonneuse sert, elle, à couper les racines des plantes adventices (mauvaises herbes), considérées comme nuisibles. « Il faut savoir si on veut faire de l’agriculture paysanne ou de l’industrie agricole, relève Hubert Barret. La première, ce n’est pas le retour à la charrue à boeuf et à la bougie. Et elle crée des emplois. On vendange à la main, ici. J’emploie une quinzaine de vendangeurs, je paye les cotisations sociales. On est là pour faire du vin. Ce qui me rassure, c’est qu’on a la relève. Les porteurs de projets sont majoritairement en bio. De plus de plus de gens se tournent dans cette direction. C’est un mouvement de fond. »