Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Après avoir frappé un brigadier-chef à Ollioules : « Je le reconnais, j’ai eu un mauvais réflexe »

- ERIC MARMOTTANS

Ilyes A. se présente à la barre du

(1) tribunal de Toulon, en manches courtes, avec des bras façonnés par la boxe et la musculatio­n. Escorté par des gendarmes, ce jeune homme de 24 ans est jugé vendredi, selon le mode de la comparutio­n immédiate, entre deux cambrioleu­rs et un demandeur d’asile qui avait menacé le videur d’un pub avec un couteau. Lui est poursuivi pour avoir insulté des policiers et frappé l’un d’entre eux, brigadier-chef. « Je le reconnais, j’ai eu un mauvais réflexe, explique d’emblée Ilyes, j’ai perdu le contrôle… »

La police appelée pour un simple tapage

Dans la soirée du mardi 2 janvier, « des perturbate­urs » étaient signalés par un riverain au bas d’un immeuble, rue Nationale à Ollioules, où flottait une odeur de cannabis. Trois policiers se sont rendus sur place, ont constaté la présence de cigarettes artisanale­s écrasées au sol, et ont procédé au contrôle des quatre jeunes gens qui se trouvaient là. « Je rentrais chez moi, ça n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais », décrit le prévenu. Les trois premiers individus n’ont pas posé de problème. Ilyes « s’est raidi », selon le témoignage du policier qui a dirigé sa lampe torche vers l’intérieur du sac d’Ilyes. « Vous vous êtes mis en position de garde » précise Claire Diwo, présidente de l’audience de comparutio­n. Le policier a réagi en écartant l’individu, portant la main sur son thorax. « Il m’a saisi à la gorge ,affirme Ilyes, je me suis senti mal, j’ai eu une réaction instinctiv­e. Je suis comme ça.»

Marqué par « l’impulsivit­é »

Le policier a reçu deux coups de poing au visage. « Même les jeunes qui étaient avec [le prévenu] ont été surpris », souligne la procureure Élisabeth Liard, dénonçant « une personnali­té marquée par l’impulsivit­é ». N’a-t-il pas lancé un « pauvre con» au magistrat chargé

(2) de statuer sur sa détention la veille de cette comparutio­n ? « Il m’a parlé de mon passé », glisse le prévenu. Le casier judiciaire du jeune Ollioulais est noirci de plusieurs condamnati­ons dont une – déjà – pour outrage à personne dépositair­e de l’autorité publique, en 2012, au sein de la prison de La Farlède. Ilyes y purgeait une peine, lourde, de réclusion criminelle pour « torture et actes de barbarie ».

Du statut de victime à celui de bourreau

« Ce n’est pas qu’un problème de caractère, plaide Me Emily LinolManzo. La première fois qu’on a eu une atteinte corporelle envers lui… C’était pour un viol. On lui a volé son enfance. » Les actes criminels pour lesquels Ilyes a été condamné adolescent auraient dès lors visé son présumé violeur… « Je ne dis pas cela pour justifier les faits, mais c’est un éclairage important, poursuit son avocate .On ne peut pas faire comme si de rien n’était, la justice n’est pas une machine… » Le prévenu a été renvoyé en détention après avoir été condamné – en deça des réquisitio­ns – à douze mois de prison dont quatre avec sursis. Une sanction assortie d’une obligation de soins, de travailler et d’indemniser les parties civiles.

1. Son prénom a été modifié. 2. Cet outrage fera l’objet d’une procédure ultérieure, a annoncé le ministère public.

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(Photo doc V.L.P.) L’auteur des coups a été placé en détention après avoir été jugé en comparutio­n immédiate ce vendredi.

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