Enchères : 2017, une année record en France
Avec un chiffre d’affaires sans précédent, le marché français tire une fois de plus son épingle du jeu dans l’univers des enchères
773millions d’euros : c’est le produit d’adjudications totalisé par les trois plus grandes maisons de ventes françaises (Christie’s, Sotheby’s et Artcurial) en 2017, contre 668,2 millions en 2016. Du jamais vu dans l’Hexagone. Numéro un sur le podium pour la troisième fois consécutive, Christie’s termine l’année avec 342 millions d’euros contre 244,6 millions l’an dernier, soit une hausse de 40 % par rapport à l’an dernier ! Il s’agit de la meilleure progression jamais enregistrée pour la maison d’enchères en France. A la deuxième place, Sotheby’s affiche 246,5 millions d’euros (+12%), son meilleur résultat jusqu’ici sur la place parisienne. Artcurial de son côté enregistre un léger recul. En 2016, la maison française avait en effet franchit la barre des 200 millions d’euros, grâce à la vente d’une Ferrari de 1957 adjugée à 32,1 millions d’euros. Faute d’avoir pu dénicher à nouveau une telle cylindrée, la société finit l’année avec un honorable résultat de 191,1 millions d’euros (dont 30 millions à Monaco). Drouot enfin, qui regroupe 75 opérateurs de vente dont Pierre Bergé Auction, finit en beauté, avec un total de 377,6 millions d’euros, soit 7 millions de plus qu’en 2016. En 2017, 101 enchères ont dépassé les 500 000 euros et 44 enchères le million d’euros. C’est Christie’s qui détient le record de l’oeuvre d’art la plus chère vendue sur le marché français avec la sculpture « Grande femme II » d’Alberto Giacometti, adjugée 24,9 millions d’euros. Si l’art contemporain continue de booster les ventes, d’autres secteurs de niche sont en progression tels l’art urbain, en hausse de 30 % chez Artcurial, la bande dessinée ou le design. Surtout, ce sont les ventes de belles collections privées qui ont assuré une grande part des chiffres d’affaires. On en compte 23 chez Artcurial, dont l’ensemble de sculptures de Camille Claudel issu de la famille de l’artiste (3,6 millions d’euros) ; 17 chez Sotheby’s, avec notamment celle du décorateur Jacques Grange (28,4 millions d’euros) ; 10 enfin chez Christie’s, dont la collection d’art contemporain de Jean-François et Marie-Aline Prat vendue pour 39,5 millions d’euros !
Christie’s, Sotheby’s et Artcurial : leurs meilleures enchères en
La Grande femme II de Giacometti chez Christie’s Avec un prix final de 24,9 millions d’euros, la longiligne sculpture d’Alberto Giacometti (1901-1966) rafle la plus haute mise de 2017 en France. Adjugée le 19 octobre chez Christie’s, cette géante de 2,765 mètres avait été conçue à l’origine par l’artiste en 1960 pour la Chase Manhattan Bank. Cette épreuve a été fondue en 1980-81 dans une édition de 7 exemplaires, auxquelles viennent s’ajouter deux épreuves d’artiste et une épreuve pour la Fondation Maeght. L’acheteur demeure anonyme.
Un tableau de Pierre Soulages chez Sotheby’s Le 6 juin, la « Peinture 14 avril 1962 » de Pierre Soulages a décroché un record pour une oeuvre de l’artiste français né en 1919. Créée en 1962, cette toile, où le noir s’associe au bleu lumineux, s’est envolée à 6,1 millions d’euros chez Sotheby’s, soit trois fois son estimation basse. Pour la petite histoire, le tableau était resté invendu en 2016 chez Phillips à Londres... Le précédent record pour Soulages était détenu par la « Peinture 21 novembre 1959 », une autre oeuvre « bleue » du peintre, achetée pour 5,1 millions d’euros en 2013 à Londres.
Une sculpture de Rodin chez Artcurial Le 30 mai, Andromède d’Auguste Rodin s’envolait pour 3,67 millions d’euros chez Artcurial Paris. Redécouverte dans un appartement à Madrid, cela faisait près de 130 ans que l’on avait perdu la trace de ce marbre blanc. La délicate sculpture est l’un des cinq exemplaires d’Andromède réalisés par Rodin. Trois sont actuellement conservés dans de prestigieux musées, le Rodin Museum de Philadelphie, le musée Rodin à Paris et le musée national des Beaux-Arts Buenos-Aires. Le quatrième appartient à un particulier. La cinquième Andromède, elle, se trouve désormais entre les mains d’un collectionneur européen.