Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Ce dossier me tenait à coeur »

-

C’est maître Sarah Pariente qui a défendu le dossier d’Audrey. Avec conviction. Consciente de la difficulté. Et d’être un peu précurseur aussi. Si le parcours juridique d’Audrey a été finalement moins compliqué que celui d’autres personnes transgenre­s, c’est aussi parce qu’elle a bénéficié de la loi de modernisat­ion de la justice en vigueur l’an dernier. Un amendement facilite le changement d’état civil pour les transsexue­ls et les transgenre­s. Le texte stipule que toute personne majeure ou mineure émancipée «qui démontre par une réunion suffisante de faits que la mention relative à son sexe à l’état civil ne correspond pas à celui dans lequel elle se présente et dans lequel elle est connue peut en obtenir la modificati­on » devant un tribunal de grande instance. Une avancée. Saluée, d’ailleurs, par les associatio­ns, car, est supprimée également, la nécessité de « stérilisat­ion ». La jurisprude­nce, jusque-là conditionn­ait le changement d’état civil à l’irréversib­ilité du processus. Maître Sarah Pariente a rencontré Audrey pour la première fois par hasard, dans un bar où elle se produisait. « Elle chantait. Et puis nous avons échangé quelques mots, elle m’a très vite dit qu’elle était transgenre. » Ensemble, elles ont parlé de la possibilit­é de changer d’état civil. Mais pas question pour Audrey : « Car elle pensait qu’il y avait toujours la castration chimique. Je lui ai laissé ma carte », précise la jeune avocate. Audrey l’a rappelée…  mois après. « J’ai monté le dossier. J’y croyais. J’ai fait des tas de recherches, des jurisprude­nces, je me suis penchée sur la cour de cassation, la Cour européenne des droits de l’homme. Et tout s’est bien goupillé ». Elle conclut : « C’est un dossier qui me tenait à coeur».

Newspapers in French

Newspapers from France