Procès aujourd’hui de la veuve noire, Patricia Dagorn
Le cas ne s’est jamais produit depuis les vingt-cinq dernières années. La juridiction criminelle, qui siège à Draguignan, devra juger cette semaine deux affaires du cru. Public local attendu
Cette semaine, les jurés varois seront confrontés à deux affaires peu ordinaires, qui se sont déroulées à Draguignan en 2015. Signe d’une certaine féminisation du crime dans le Var, le principal accusé est une jeune femme de 32 ans. Il lui sera reproché d’avoir tenté d’assassiner son ex-concubin en l’égorgeant dans son sommeil, pour ne pas avoir à lui remettre leur fils de 3 ans, en exécution d’une décision judiciaire.
En costume de ninja
Ce drame s’est produit à Draguignan dans la nuit du 7 au 8 juillet 2015. Une date qui n’est pas anodine, dans le conflit qui opposait depuis six mois Sylvia Martin à son ex-compagnon Fabrice Pietri. La première avait quitté le domicile conjugal en janvier, emmenant son fils, pour s’installer dans sa famille près de Bordeaux. Une procédure devant le juge aux affaires familiales avait confié la garde de leur enfant au père. La cour d’appel d’Aix-en-Provence avait confirmé cette décision le 3 juillet 2015. Quatre jours après, au coeur de la nuit, Fabrice Pietri alertait les secours. Il venait d’être tailladé à la gorge par son ex, qui s’était introduite chez lui. Perdant son sang, il s’était rendu à pied aux urgences de l’hôpital de Draguignan, situé juste en face de son domicile. À leur arrivée chez lui, les policiers avaient trouvé Sylvia Martin, vêtue de noir comme un ninja, sérieusement blessée au visage, et le bras gauche cassé.
Versions opposées
Elle n’a pas contesté avoir organisé cette expédition nocturne chez son ex-compagnon. Mais il s’agissait, selon elle, de trouver le cannabis qu’il détenait, et d’obtenir ainsi une preuve de sa toxicomanie, pour qu’on ne lui confie pas la garde de leur fils. Fabrice Pietri l’aurait surprise, une violente bagarre avait eu lieu, où elle n’aurait utilisé un couteau que pour se défendre. Selon Fabrice Pietri, elle l’aurait égorgé dans son sommeil. Réveillé en sursaut, ils s’étaient battus, et pour la neutraliser, il avait dû lui cogner la figure contre l’escalier et lui casser un bras. Trois jours de débats, de lundi à mercredi, ont été prévus pour départager ces thèses opposées. Sylvia Martin devra répondre de « tentative d’assassinat », assistée par Mes Jean-Marc Darrigade, Sandrine Joinau-Dumail et Isabelle Reynaud-Dautun. Le délit de « violences aggravées » sera reproché à Fabrice Pietri, défendu par Mes Marie-Pierre Rougé et Virginie Pin.
Le maniaque des Twingo
Jeudi et vendredi, Adrien, un jeune militaire de 24 ans, sera dans le box pour répondre de quatre agressions sexuelles commises en deux semaines, entre le 29 novembre et le 13 décembre 2015 à Draguignan. Ses cibles ? Des jeunes filles de son âge, croisées dans des discothèques de la région, et qu’il a suivies en voiture au petit matin, jusqu’à leur domicile. Au-delà du mode opératoire répétitif, et du signalement identique fourni par les victimes, les enquêteurs ont forcément noté que toutes ces jeunes femmes roulaient en Twingo. De là à penser que c’est sur ce critère automobile très précis qu’Adrien choisissait ses victimes, il y avait un pas. Qu’Adrien a marqué, en expliquant qu’il ne s’agissait que d’une coïncidence. Tant mieux pour le constructeur, qui se passera facilement de cette contre-publicité. Adrien bénéficiera d’une défense de choc, associant Mes Isabelle Colombani et Frédéric Monneret. Les plaignantes seront assistées par le bâtonnier Serge Drevet, Mes Marjorie Pascal, Dominique Gillet et Marie-Christine Guiol.