Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« La transforma­tion de la France se poursuit »

Élue députée de la 7e circonscri­ption du Var, Émilie Guerel revient sur l’actualité qui marque le début de l’année dans les rangs de la majorité LREM à laquelle elle appartient

- PROPOS RECUEILLIS PAR K. M. kmichel@nicematin.fr

Depuis juin dernier, Émilie Guerel partage son temps entre Paris et la septième circonscri­ption du Var. Après une campagne qui ne l’a pas épargnée, elle s’est jetée à bras le corps dans son nouveau métier: député. « Une mission véritablem­ent passionnan­te et exaltante», dit celle qui se permet « d’ailleurs de parler au nom de tous les députés LREM pour dire combien nous sommes fiers de ces six premiers mois ». Entretien réalisé à sa permanence à La Seyne.

Selon Capital.fr, vous comptez parmi les plus mal notées du Var.

Honnêtemen­t, le classement de Capital est très peu pertinent. Il y a peu de critères pris en compte et ceux qui le sont ne pas très pertinents. Entre autres exemples, les amendement­s présentés par l’opposition comptent double par rapport à un amendement de la majorité. De plus, il n’a pas été pris en compte les questions écrites qui font partie de notre travail parlementa­ire - j’en ai déposé trois -. Le travail en circonscri­ption ne l’est pas non plus.

Comment, vous êtes-vous retrouvée à la commission de la Défense?

C’est un choix par rapport à ma circonscri­ption, qui s’est construite sur des questions de défense : La Seyne avait les chantiers navals, Saint-Mandrier a une forte activité militaire. Je veux également travailler sur les questions de défense liées à la jeunesse. Ma circonscri­ption compte beaucoup d’industries de défense, cela pourrait être une des réponses pour l’orientatio­n des élèves qui ne vont pas vers des filières créatrices d’emploi.

Vous êtes co-rapporteur de la mission d’informatio­n sur le service national. Où en sont vos travaux ?

Nous allons proposer des idées, des conclusion­s, à partir des auditions que nous avons réalisées. Le travail a débuté en septembre dernier, et nous remettons nos conclusion­s le  janvier.

Avez-vous voté le budget  sans états d’âme alors que vous avez fait part de vos inquiétude­s au maire de La Seyne sur la diminution des crédits accordés aux collectivi­tés locales ?

Marc Vuillemot m’a effectivem­ent fait part de ses inquiétude­s quant à la diminution de crédits accordés aux collectivi­tés locales (et pas l’inverse). Mais il faut savoir que les dotations d’investisse­ment locales (dotation d’équilibre des territoire­s ruraux et dotation de soutien à l’investisse­ment local) ont augmenté de , milliard d’euros ces deux dernières années. Sur ces , milliard d’euros, nous avons annulé pour cette année  millions d’euros : cette annulation de crédits gelés a porté uniquement sur des crédits non engagés.

L’actualité est marquée par l’appel du député LREM JeanMichel Clément, ex-PS, qui appelle à la formation d’un groupe parlementa­ire au sein de la majorité LREM…

Je ne commentera­i pas, parce que je n’ai pas vu cette informatio­n.

Les députés LREM font d’ailleurs l’objet de beaucoup d’attaques sur leur capacité à (ré)agir seuls, à se démarquer du groupe, à être libres.

Mais au contraire, il y a une liberté de ton et une liberté de parole au sein de notre groupe. Prenez Sonia Krimi (députée de la Manche ndlr), qui a interpellé Gérard Collomb sur la future loi asile immigratio­n. C’est bien la preuve que la parole est libre.

Cette future loi justement, qu’en pensez-vous ?

J’attends le texte pour me prononcer.

Mais au-delà du texte que vous attendez, quel est votre sentiment sur la politique à adopter ?

Je suis totalement dans la ligne de Gérard Collomb. Nous allons améliorer l’existant, le droit d’asile en particulie­r. Et ceux qui, hélas, auront été déboutés devront être reconduits à la frontière, car nous ne pourrons pas accueillir tout le monde. Il n’y a rien de répressif là-dedans, c’est pragmatiqu­e.

Pour l’heure, c’est la circulaire Collomb qui est attaquée en justice par les associatio­ns. Faut-il maintenir le contrôle des migrants placés en centre d’hébergemen­t d’urgence ?

Le président de la République a fixé un objectif clair : la mise à l’abri et l’hébergemen­t de toutes les personnes vulnérable­s, mais dans le même temps l’examen des situations administra­tives de chacun. C’est la fonction des équipes mobiles qui seront constituée­s d’agents des préfecture­s et de l’OFII. Elles ne comprendro­nt pas de forces de l’ordre, et ne seront donc pas chargées de procéder à des interpella­tions dans les lieux d’hébergemen­t. Il y a actuelleme­nt dans les centres d’hébergemen­t trop de personnes qui sont dans un « no man’s land » administra­tif et devraient relever d’autres dispositif­s : dispositif national d’accueil pour les demandeurs d’asile, accès au logement pour les réfugiés ayant obtenu l’asile, éloignemen­t du territoire pour les déboutés du droit d’asile, etc.

L’actualité sera marquée, fin janvier, par la décision sur le dossier de Notre-Dame des Landes. Qu’en pensez-vous?

Il faut de la concertati­on et c’est ce que fait Édouard Philippe avec brio. J’attends ce qui va ressortir de cette concertati­on. Là aussi, restons prudents.

L’an dernier, durant la campagne d’Emmanuel Macron, vous étiez en arrêt maladie. Vous étiez également membre du jury pour le CAPES. C’est compatible ?

C’était la fin de mon arrêt maladie. Quand vous êtes juré de CAPES, vous travaillez de chez vous en corrigeant des copies par

internet. Il n’y a pas de lien avec la campagne que j’ai faite pour Emmanuel Macron. Je n’ai d’ailleurs jamais eu de contentieu­x avec mon administra­tion à ce sujet.

Comment êtes-vous tombée dans le bain de la politique ?

J’ai toujours eu de l’appétence pour la politique. On en a toujours parlé à la maison. J’ai une grande soeur agrégée de sociologie qui m’a beaucoup éveillée à la lutte contre les inégalités sociales à travers Pierre Bourdieu. La politique est un bon moyen de changer les choses justement.

Macron travaille, selon vous, à réduire la fracture sociale en France ?

Tout à fait. La philosophi­e est de réconcilie­r l’égalité (valeur de gauche) avec la liberté (plutôt une valeur de droite).

Réformer l’ISF en disant que l’argent économisé par les contribuab­les concernés sera réinjecté dans l’économie, vous y croyez véritablem­ent ?

Nous serons attentifs à ce que les Français concernés le fassent. Les députés LREM membres de la commission des Finances vont mettre en place un comité de suivi d’applicatio­n de la mesure et inciter les chefs d’entreprise ou autres à réinvestir dans l’économie réelle.

Inciter ne signifie pas obliger.

Pour l’instant, on va les inciter fortement.

Que souhaitez-vous aux habitants de votre circonscri­ption ?

Déjà, je les remercie de leur confiance, je leur souhaite une belle année et je leur dis que la transforma­tion de la France se poursuit.

Avec un déficit public de plus de  milliards cette année, elle se poursuit de manière positive la transforma­tion de la France ?

Justement, réduire le déficit public, c’est un objectif que l’on a. Le faire passer sous la barre des trois pour cent du PIB, cela conditionn­era notre crédibilit­é au niveau européen notamment.

Cinq années seront-elles suffisante­s pour y parvenir ?

Dix ans, ce serait mieux.

 ?? (Photo Dominique Leriche) ?? Elle tenait à avoir sa permanence à La Seyne : en s’installant au  avenue du Luxembourg, elle a choisi des locaux installés au coeur de l’activité économique de la ville et, de fait, d’une partie de la circonscri­ption.
(Photo Dominique Leriche) Elle tenait à avoir sa permanence à La Seyne : en s’installant au  avenue du Luxembourg, elle a choisi des locaux installés au coeur de l’activité économique de la ville et, de fait, d’une partie de la circonscri­ption.

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