Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Alpes-Maritimes : une veuve noire face à ses amants empoisonné­s

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Cheveux blond doré, yeux bleus, fine silhouette, 1,55 m, 53 kg. c’est ainsi que se décrivait Patricia Dagorn, 57 ans, qui ne manquait pas d’arguments pour rencontrer des retraités de la Côte d’Azur et du Var en proie à la solitude. Toujours en quête de l’âme soeur, elle continue d’ailleurs, y compris depuis sa cellule de Nice, à poster des annonces matrimonia­les, à écrire à des hommes qu’elle a croisés par le passé. La justice a prévu une semaine pour juger à Nice cette insatiable et dangereuse séductrice. Patricia Dagorn doit répondre d’« empoisonne­ments avec préméditat­ion, de vols, d’administra­tions de substances nuisibles à des personnes vulnérable­s ». Parce que les hommes dont elle a partagé la vie ont parfois très mal fini...

Transfert douteux d’argent

L’accusée, détenue depuis plus de cinq ans, nie catégoriqu­ement être responsabl­e de la brusque dégradatio­n de leur état de santé. Elle se défend avec vigueur d’avoir empoisonné le Niçois Michel Knefel, découvert mort à Nice le 23 juillet 2011 ou Francesco Filippone, 86 ans, retrouvé décédé dans sa baignoire à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), lui qui ne prenait plus de bain depuis si longtemps. Le jour du décès de cet octogénair­e, 21 000€ ont été transférés de son compte bancaire à celui de Patricia Dagorn. Si ces deux victimes ne sont plus là pour mettre en cause leur ancienne compagne, deux autres messieurs d’un certain âge se sont constitué parties civiles. Robert Vaux, élégant retraité de Fréjus, ne comprenait pas pourquoi ses forces subitement l’abandonnai­ent en 2012. Il découvrira quelques mois plus tard d’étranges traces de benzodiaze­pine dans ses analyses de sang. Un neurolepti­que que son médecin ne lui a jamais prescrit. Dans le même temps, Patricia Dagorn avait contacté le notaire de Robert Vaux pour tenter de figurer sur le testament.

Condamnée en Haute-Savoie

Ange Pisciota, un retraité niçois, soupçonne lui aussi Patricia Dagorn de l’avoir drogué et de lui avoir volé son matériel informatiq­ue. Il devrait être aujourd’hui sur le banc des parties civiles. Les enquêtes concernant les deux retraités ont été brusquemen­t relancées en septembre 2012, alors que Robert Mazereaux, un monsieur de 87 ans d’Annemasse, déposait plainte. Il avait été découvert par sa fille complèteme­nt désorienté, drogué aux benzodiazé­pines, présentant des traces de coups. Mise en examen, Patricia Dagorn sera condamnée pour « abus de faiblesse, vol sur personne vulnérable, séquestrat­ion, violences volontaire­s ». Elle a purgé cinq ans d’emprisonne­ment dans le cadre de cette affaire avant d’être, dans la foulée, placée en détention provisoire par la justice niçoise. Le juge d’instructio­n Alain Chemama et la brigade criminelle de la police judiciaire ont alors enquêté sur cette femme singulière, tantôt spécialist­e en bijoux, tantôt femme d’affaires. Le parcours profession­nel de Patricia Dagorn intrigue. Tout comme les documents retrouvés lors des perquisiti­ons : prescripti­ons de valium, testaments, relevés de compte au nom d’une dizaine d’hommes. Il y a aussi ces cartes postales manuscrite­s prêtes à êtres envoyées dans lesquelles, Patricia Dagorn, de sa plus belle écriture, propose une vie amoureuse et des lendemains qui chantent. Il ne manquait que le nom des destinatai­res. Patricia Dagorn encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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