Immigration : la faute serait d’en sous-estimer l’ampleur
Le texte du projet de loi sur l’immigration n’est pas encore connu dans tous ses détails que, déjà, la polémique enfle. Pour la gauche de la gauche, il est liberticide, indigne de la France des droits de l’Homme. Ce qui reste du Parti socialiste s’émeut, les mélenchonistes s’indignent. À l’opposé, déjà Les Républicains ont leur avis : les mesures qui seront prises pour contrôler le flux migratoire, important, que connaît la France, seront trop laxistes. A priori, on comprend mal cette agitation. Depuis des années, tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont eu affaire à ce problème permanent : comment réguler les flots de migration internationale, comment séparer ceux d’entre eux qui relèvent du droit d’asile, chassés de leur pays en guerre, risquant la mort s’ils y retournent et des réfugiés baptisés aujourd’hui économiques, disposés à tout faire pour échapper au chômage et au mal vivre de leurs pays, même si ceux-ci ne connaissent pas de conflits. On ne peut pas recueillir « toute la misère du monde mais on peut en prendresapart» , a déjà dit, cela ne date pas d’aujourd’hui Michel Rocard. Aujourd’hui, le nombre des migrants est sans commune mesure avec ceux qui les premiers avaient tenté leur chance dans les années . Nous avons affaire à la plus forte vague d’immigration depuis la guerre. Ce serait une faute pour tout gouvernement que ce soit, en France, en Europe et ailleurs d’en sous-estimer l’ampleur. Depuis quelques années, on savait que les uns trouvaient que la politique française n’était pas assez ferme, d’autres qu’elle l’était trop. Mais enfin jamais il n’avait été question comme le fait aujourd’hui une partie de la gauche de penser, encore moins de dire, que TOUS les arrivants en France, d’où qu’ils viennent, seraient ipso facto accueillis, aidés, logés, installés. D’après ce que l’on sait, et le ministre de l’Intérieur s’en est expliqué hier, oui, il y aura bien un «tri» entre, si on ose dire, les bons et les mauvais migrants. Le mot «tri» est détestable. Il ne tient pas compte des immenses difficultés qu’ont eu à surmonter des pauvres gens qui ont risqué leur vie pour quitter leur pays. Mais il faudra bien en effet réguler les choses, choisir entre ceux qui ont vocation à rester, ou obligation de partir. Les opinions publiques de l’Europe entière ne comprendraient pas autre chose.
« Aujourd’hui, le nombre des migrants est sans commune mesure avec ceux qui les premiers avaient tenté leur chance dans les années 70. »