Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les gardiens varois en ont ras-le-bol

Lancé par les syndicats de la pénitentia­ire FO, CGT et UFAP/UNSA, en réaction à l’agression dont ont été victimes trois surveillan­ts de Vendin-Le-Vieil, le blocage a été très suivi à la prison de La Farlède

- P.-L. P. ET M. B. plpages@varmatin.com

Il ne fallait pas les défier. Depuis qu’ils tirent la sonnette d’alarme sur les dangers qu’ils encourent au quotidien, notamment au contact des détenus radicalisé­s, l’agression à l’arme blanche dont ont été victimes jeudi trois de leurs collègues de la prison de Vendin-Le-Vieil (Pas-de-Calais) a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et « le peu

d’intérêt » démontré à leur égard par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, qui n’a pas daigné les recevoir samedi, n’a fait que renforcer leur déterminat­ion.

« Solidarité envers les collègues blessés »

Pour preuve, les surveillan­ts du centre pénitentia­ire de La Farlède étaient nombreux hier matin à avoir répondu à l’appel unitaire lancé par les syndicats FO, CGT, UFAP/UNSA et CFECGC. Ainsi, dès 6 h du matin, une soixantain­e d’entre eux (leur nombre n’a fait que grandir au fil de la matinée) mettaient en place des barrières et des plots en plastique pour interdire l’accès à la prison. « Si on suit le mouvement national, c’est d’abord par solidarité envers nos collègues blessés de Vendin-Le-Vieil, mais pas que. Le danger que constituen­t les TIS – les terroriste­s islamistes – nous concerne également. On en a deux incarcérés à La Farlède, dont un en détention normale, qui a une certaine aura auprès d’autres détenus et peut susciter

des “vocations”», confie David Mantion, secrétaire régional de l’UFAP/UNSA. Si l’ambiance est restée bon enfant pendant les 6 heures de blocage, le personnel a démontré une déterminat­ion à toute épreuve. Hormis deux adjoints à la direction et un médecin, personne n’a pu entrer dans la prison de toute la matinée. «On est conscient des difficulté­s engendrées par ce blocage, mais on est également conscient de ce qu’ont subi nos collègues. On tire la sonnette d’alarme parce qu’on ne veut pas en arriver à pleurer l’un d’entre nous », lâche Ézéchiel Terrier, secrétaire régional adjoint à la CGT pénitentia­ire. Avant

d’ajouter : «Des agressions à l’arme blanche ont lieu dans chaque établissem­ent. Il n’y a pas de raison que ça n’arrive pas à La Farlède ». Et

de rappeler, visiblemen­t inquiet : « On n’a toujours pas retrouvé le couteau de cuisine de 30 cm volé il y a

quelques mois ». Pour en finir avec la peur grandissan­te qui les envahit, les surveillan­ts réclament plus de moyens, humains notamment. « Partout dans les secteurs stratégiqu­es, tels que les quartiers d’isolement ou les quartiers disciplina­ires, on supprime des postes.

Ça suffit. On demande à travailler en binôme à chaque étage », insiste David Mantion, tout en rappelant

au passage que « les gendarmes, comme les policiers, n’intervienn­ent jamais tout

seuls ». Pour permettre au centre pénitentia­ire, complèteme­nt paralysé, de retrouver un fonctionne­ment normal, il a fallu finalement en appeler aux forces de l’ordre. Après les sommations d’usage, les gendarmes territoria­ux et mobiles ont délogé un à un et sans violence les manifestan­ts qui avaient constitué une chaîne humaine serrée devant la porte de l’établissem­ent.

Le mouvement suivi aussi à Draguignan

Le centre pénitentia­ire de La Farlède n’est pas le seul à avoir suivi le mouvement national. À Draguignan aussi, les surveillan­ts ont gêné l’accès à la toute nouvelle prison. Si «le mouvement a été faiblement suivi », un élu de la CGT Pénitentia­ire n’a pas manqué de pointer du doigt certaines failles dans la sécurité.

« Dans cet établissem­ent carcéral tout neuf, il y a un mépris total en matière de sécurité. L’administra­tion n’a pas pensé à mettre de “concertina” (1) au-dessus des postes de sécurité. Ni à installer des filins anti-hélicoptèr­e ou des miradors. » Ce même syndicalis­te s’étonnait également de l’absence de régime de semi-liberté. « Dans un nouvel établissem­ent, c’est rarissime. C’est pourtant un bon outil en termes de réinsertio­n. Je trouve aberrant qu’il

n’y en ait pas. » Alors que Nicole Belloubet est attendu aujourd’hui à la prison de Vendin-Le-Vieil, le mouvement des surveillan­ts sera reconduit ce matin.

1. Rouleau de fil barbelé. Lire également en pages France.

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Dès h du matin, une soixantain­e de surveillan­ts étaient rassemblés devant la prison de La Farlède. Le mouvement devrait se poursuivre aujourd’hui.
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(Photos Laurent Martinat) Le mouvement, suivi massivemen­t à la prison de La Farlède, s’est déroulé dans une ambiance bon enfant, sans heurt ni violence, malgré les apparences.

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