Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Une quinzaine épique »

Vainqueur dimanche à Dakar à l’issue d’un âpre duel, Mathieu Serradori a réussi la course parfaite pour apposer sa première empreinte au palmarès

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Moins de 24 heures après avoir décroché la lune, il est déjà de retour sur terre ! Hier matin, Mathieu Serradori (38 ans), le vainqueur varois de la 10e édition de l’Africa Eco Race conclue dimanche à Dakar, a repris sans transition les commandes de l’entreprise familiale sur ses terres fréjusienn­es. « Sitôt gagné, sitôt rentré ! J’ai décollé tout de suite. Pas le temps célébrer sur place. La fête, on la fera ici bientôt », confie le pilote du Buggy SRT qui s’arrête tout de même un instant afin d’évoquer son aventure couronnée de succès.

Mathieu, décrocher sa première victoire en rallye-raid sur les bords du lac Rose, ça fait quoi ?

Ça fait super plaisir ! D’autant que nous avons fini fort en remportant l’ultime spéciale très courte ( km, ndlr), dimanche. Notre quatrième succès depuis le départ ! Cette ES  ne comptait pas pour le classement général. Avec Vasilyev et les autres, nous nous sommes tiré la bourre une dernière fois. Sans pression. Pour le fun. S’en est suivie une magnifique cérémonie de remise des prix.

Peut-on dire que vous avez atteint votre cible numéro  ?

Oui. Vous le savez, l’Africa Eco Race est une épreuve qui me tient particuliè­rement à coeur. Là, il s’agissait de la dixième édition. Et de ma cinquième participat­ion. Le Serradori Racing Team est né il y a trois ans. Chemin faisant, nous l’avons développé, structuré, consolidé. Restait à prouver que le Buggy SRT pouvait gagner une course telle que celle-ci. Objectif atteint au terme d’une quinzaine épique. De belle manière puisque nous avons battu le vainqueur  (Vasilyev,

à h’’’), un ancien lauréat de la Coupe du monde des rallyes-raids.

Une fois en tête, au terme de la e étape, vous commencez à y croire dur comme fer ?

Surtout pas ! J’ai déjà payé cher pour savoir que rien n’est gagné avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée. Prendre les commandes du classement lors de la seconde partie de l’étape marathon, c’était un tournant important, d’accord. Mais deux grosses tranches de désert mauritanie­n se profilaien­t encore droit devant. Donc mieux valait éviter de s’enflammer. Avec Fabian (Lurquin, le copilote belge), on a su garder la tête froide.

Aujourd’hui, l’émotion est-elle plus forte que lorsque vous gagnez la Coupe du monde  roues motrices  ?

Oui, quand même. Si ce titre FIA nous a apporté une forme de reconnaiss­ance dans le milieu, Fabian et moi, on avait besoin de gagner une grande épreuve. Tous les efforts accomplis depuis cinq ans tendaient vers cet objectif.

La clé de la réussite, elle est d’abord humaine ou technique ?

Je pense qu’elle résulte de l’associatio­n des deux paramètres. Impossible de mettre en exergue l’un ou l’autre. SRT, c’est d’un côté une belle aventure humaine, familiale, en effet. Mais ce Buggy LCR  fiable et rapide construit par Lionel Constant tient aussi une part essentiell­e dans notre réussite.

Personnell­ement, votre fougue parfois pointée du doigt semble canalisée...

On m’a un peu chambré à ce sujet, c’est vrai. Donc j’ai planché sur l’approche mentale et voilà, je suis parvenu à démontrer que je pouvais tenir la cadence, la distance, pendant deux semaines et  bornes.

Maintenant, comptezvou­s rattraper Jean-Louis Schlesser au palmarès ?

Le record de Jean-Louis (six victoires) me paraît difficilem­ent égalable. Laissez-nous déjà savourer ce premier succès.

Le prochain challenge ?

Rendez-vous le  juillet au Silk Way Rally. Après l’Amérique du Sud (trois participat­ions au Dakar en moto) et l’Afrique, c’est l’occasion de découvrir l’Asie. En plus, cette année, le parcours change de sens. Départ en Chine, arrivée à Moscou. Il y aura beaucoup de sable d’entrée de jeu. Tant mieux !

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Mathieu Serradori (ici à l’arrivée à Dakar avec Gérard, son père et team manager) : « J’ai démontré que je pouvais tenir la cadence durant  bornes. »

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