Quand l’hôpital se
Méconnue, toujours peu utilisée, l’hospitalisation à domicile est pourtant une alternative à l’hospitalisation conventionnelle qui répond aux grands enjeux de santé publique
HAD », pour hospitalisation à domicile La part de cette alternative à l’hospitalisation conventionnelle reste modeste : moins de % par rapport à l’ensemble des hospitalisations complètes, soit un niveau encore très inférieur à celui atteint dans d’autres pays. Pourquoi ? Difficile de répondre à cette question de façon simple. Méconnaissance de cette stratégie par les patients et leurs familles, recours insuffisant par les prescripteurs (médecins hospitaliers et libéraux), réticences à l’idée de dispenser des soins lourds hors les murs de l’hôpital… Les freins au développement de l’HAD sont nombreux. Elle a pourtant – a priori au moins – tout pour plaire. Au malade déjà, auquel elle offre la possibilité de rester moins longtemps entre les murs de l’hôpital, tout en continuant de bénéficier de soins aussi techniques, intensifs ou complexes. Aux professionnels qui ont fait le choix de travailler dans ces structures et témoignent d’une qualité particulière de relation aux patients pris en charge dans leur environnement familier. Aux financeurs de la Santé, pour lesquels elle représente une source d’économie substantielle (l’HAD coûte trois à quatre fois moins cher à l’Assurance-maladie que l’hospitalisation classique)… Ce dossier ne prétend pas répondre à la problématique du développement de l’HAD. Il a simplement pour objectif de lever un peu le voile sur le travail quotidien d’une équipe d’HAD, celle de l’Institut Arnault-Tzanck.
1. Savoir plus et annuaire des établissements http://solidarites-sante.gouv.fr/soins-etmaladies/prises-en-charge-specialisees/had Il est 9 heures lorsque nous rejoignons les équipes de l’HAD d’Arnault-Tzanck. Elles sont sur le pont depuis 7 h 15. « La première équipe couvre la période 7h1518 heures. La seconde commence à 9h45 pour finir à 20 heures. La nuit, une infirmière est d’astreinte pour les appels et les soins d’urgence » de vie, mais aussi une réflexion de fond sur sa pratique de soignant, bouleversée, comme celle de nombre de ses collègues, par les évolutions que connaît l’hôpital. Ici, il se sent heureux et en accord avec son approche du métier. Pour nous faire comprendre, mieux qu’avec des mots, ce qu’il entend par là, il nous propose de monter à bord du véhicule de Pascaline. La jeune infirmière a fait une pause au bureau de la HAD, avant de poursuivre sa tournée. Valérie, le médecin coordonnateur, nous accompagne. « Tous les patients que nous allons voir souffrent de pathologies graves, qui justifient une hospitalisation. » Mais c’est à leur domicile qu’ils le sont. Première surprise : le véhicule de l’HAD est totalement banalisé – «C’est une volonté pour respecter la confidentialité de la prise en charge. Cela évite que le voisinage des malades ne soit informé de la situation», précise Pascaline.
Offrir les mêmes conditions de sécurité
Dans le coffre de la voiture, une glacière contenant tous les traitements qu’elle doit administrer aux patients. Une étape délicate. Car, si l’hospitalisation est réalisée à domicile, elle doit en effet offrir les mêmes conditions de sécurité pour le patient. Aucune marge d’erreur n’est tolérable. «Le réapprovisionnement est assuré par une logisticienne », indique Lionel. Avec leur accord, nous irons au domicile de trois patients pendant ces deux heures que nous passerons avec les équipes de l’HAD (lire page ci-contre) .Un temps trop court pour approcher la diversité des situations confiées aux structures d’HAD, à l’instar de celle de l’Institut Arnault-Tzanck. Juste un aperçu du travail quotidien de ces soignants qui ont fait le choix de soigner hors les murs, dans un environnement familier qui oblige à affronter une réalité qui n’est pas seulement médicale.
Par souci de discrétion, les prénoms des patients ont tous été modifiés.