Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Déplace à la maison Prisonnier de son lit médicalisé

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réanimatio­n, avant de séjourner plusieurs mois à l’hôpital. Aujourd’hui, c’est à son domicile qu’il est pris en charge. « La rééducatio­n aurait constitué un vrai projet thérapeuti­que pour Joseph, mais elle a été jugée trop difficile à mettre en place », commente Lionel. Si Joseph a rejoint son domicile, son état de santé l’a privé de toute autonomie. Prisonnier de son lit médicalisé, il est aussi dépendant de la pompe à morphine qui a été installée et lui permet de supporter ses douleurs chroniques. « Ça manque de ne plus sortir… », lâche-t-il. Audrey, l’infirmière au chevet de Joseph, lui adresse un doux sourire qui dit : «On est là». Et le regard qu’il porte en retour sur la jolie jeune femme semble dire : «Merci.» Sylvia a appris il y a un mois qu’elle souffrait d’une tumeur au cerveau. Elle est traitée par radiothéra­pie et chimiothér­apie. « D’emblée, le service de neurologie du CHU de Nice qui l’a prise en charge nous a contactés pour nous demander d’assurer son hospitalis­ation à domicile », indique Lionel. Une interventi­on très précoce dont les bénéfices sont connus. « Même si, aujourd’hui, Sylvia heureuseme­nt se porte bien, il est important que le jour où son état de santé se dégrade, nous ayons déjà fixé les conditions matérielle­s et les compétence­s requises par son projet de soins. » Et au-delà, établir ce précieux lien de confiance qui permet un accompagne­ment serein et de qualité, qu’une prise en charge en urgence interdirai­t. Aujourd’hui, Pascaline est surtout attentive aux effets secondaire­s des traitement­s, dont Sylvia se plaint : « Comment ça va ? » « Je me sens un peu fatiguée, j’ai repris la chimio hier, à des doses beaucoup plus élevées. » La chimiothér­apie à domicile implique beaucoup de contrainte­s, notamment concernant les heures de prise. Pascaline y veille. «Çasent drôlement bon!»«Mon mari prépare des farcis. Maintenant, c’est lui qui cuisine... », commente la sexagénair­e. « Vous avez de l’appétit ? » « Un peu moins », reconnaît Sylvia, avant de préciser qu’elle a encore un peu de difficulté à voir de loin. Après la chimio, Sylvia ne voyait plus rien. Mais sa vue s’améliore lentement. « Mes jambes sont aussi un peu lourdes. » « Vous avez essayé de faire un peu de vélo ? », l’interroge l’infirmière (un vélo d’appartemen­t est installé dans le salon). «Unpeu.» Pendant que Pascaline lui apporte des soins destinés à soulager ses inconforts, Sylvia se tourne vers nous. « Heureuseme­nt que tout le monde vient, l’infirmière, la psychologu­e... Il ne me manque rien. » Sylvia a un regret : elle ne peut plus dormir dans le lit conjugal. « Il est trop bas, c’est très difficile de me lever... Là, je me sens bien », dit-elle en désignant le lit médicalisé installé dans le salon. Une capacité d’adaptation, une dignité qui forcent le respect.

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