Wauquiez droit dans ses bottes sur France
«Mais madame Salamé, vous pensez vraiment que pour vous plaire, je ne vais pas aborder des problèmes qui préoccupent les Français, comme l’immigration, la sécurité, le pouvoir d’achat ? Comme je ne veux pas laisser le monopole du social à la gauche, je ne laisserai pas celui de l’identité au Front national. Ce n’est pas parce que le FN a préempté certains sujets qu’il ne faut plus en parler.» On a beau lui répéter à longueur de journée qu’il a besoin de lisser et policer son image, Laurent Wauquiez n’entend pas se renier pour autant. Invité de L’Émission politique, hier soir sur France 2, il a, tout en plaidant des différences fondamentales avec le FN, sur l’Europe notamment, assumé sa parole droitière. «Ces derniers temps à LR, on ne disait plus rien pour garder tout le monde à bord. Ce n’est pas ma conception de la politique.»
La France détricotée
Le président des Républicains a détaillé sa volonté d’accroître les libertés, de réduire les impôts, tout en jurant son attachement à une droite sociale, soucieuse de soutenir l’actionnariat comme la participation. Il a défendu « le social par le travail et non par l’assistanat, la restauration des 39 heures payées 37, assortie du retour de la défiscalisation des heures supplémentaires ». Il souhaite par ailleurs recomposer l’Europe des pères fondateurs, autour d’un noyau dur d’une douzaine de pays. Sur l’immigration, il a estimé que nos capacités d’accueil « sont aujourd’hui saturées », invitant « à retomber sous la barre de 100000 migrants par an, en instaurant des quotas annuels et en assortissant l’ouverture de droits sociaux à trois ans de travail sur notre ter ritoire ». À Alain Minc, l’essayiste rallié au macronisme, invité surprise venu lui faire du rentre-dedans et la leçon, déplorer sa dérive populiste et sa façon d’opposer le peuple aux élites, Laurent Wauquiez, dans un échange acide, a concédé avoir fait évoluer son discours en voyant «la France se détricoter. Et on ne la restaurera pas en tournant le dos à ses repères». Face à une Léa Salamé agressive en diable, ou à Houria Abdelouhed, psychanalyste franco-marocaine le taxant, grosso modo, d’être une Marine Le Pen cravatée, Laurent Wauquiez n’a rien lâché de ses convictions. Il n’a cédé ni à la repentance ni à l’édulcoration de ses positions. Idem sur la PMA et l’adoption plénière, qu’il rejette. Matraqué de toutes parts, il a au moins prouvé qu’il savait encaisser. Et riposter. En restant droit dans ses bottes. L’émission se poursuivait à l’heure de notre bouclage.