Var-Matin (La Seyne / Sanary)

JOURNÉE, TOULON - BORDEAUX-BÈGLES, DEMAIN À  H ) Pietersen revient fort

Après des débuts compliqués au RCT, le champion du monde sud-africain, qui peut jouer indifférem­ment à l’aile, au centre ou à l’arrière, retrouve peu à peu toutes ses sensations

- PHILIPPE BERSIA

Son nom complet est Jon-Paul Roger Pietersen et il le doit à l’adoration que portait son père à J.P.R. Williams, la légende galloise des années 70. Son sport est le rugby et il ne l’a pas vraiment choisi, prié par ses parents de changer de ballon lorsqu’enfant, il tapait dans une balle ronde... Mais le moins que l’on puisse écrire est qu’il a bien réussi... Champion du monde 2007, « Jipi » comme on l’appelle aujourd’hui, ne changerait ni de nom ni de vie... Enfant, il se souvient avoir rêvé de devenir pilote de Formule 1 : «Trop compliqué» sourit-il sans regret aujourd’hui, juste fier d’avoir réussi et porté si haut les couleurs de son pays là ou tant d’autres se sont perdus dans la jungle des townships.

Se remettre à niveau

« Je pense que le rugby et le sport en général m’ont bien occupé. Du coup je n’ai pas été tenté par les bêtises. Enfant, j’avais ma famille et le sport, et je restais dans ce cercle. Avec les copains, on avait un objectif commun, le match du dimanche, et on se focalisait là-dessus. Mais j’ai des amis qui ont eu un destin plus compliqué...» explique-t-il aujourd’hui, juste heureux d’avoir réalisé ses objectifs. « Je ne dirais pas que je suis un privilégié, tempère-t-il. J’ai juste su saisir les opportunit­és qui se sont présentées. Dans la vie, chacun a des objectifs. Moi je voulais jouer au rugby, j’ai fait beaucoup de sacrifice pour y arriver. Maintenant, si je peux conseiller les jeunes et leur dire ’’si vous avez un objectif, quel qu’il soit, donnez-vous les moyens de l’atteindre’’, je le ferai évidemment. » C’est peut-être là qu’on le retrouvera lorsqu’il raccrocher­a les crampons : « Quand je pense à ce moment, je me dis que j’aimerai bien rester dans le monde du rugby pour transmettr­e aux jeunes. » Mais, à 32 ans il a encore deux trois trucs à faire pour ne rien regretter après. Notamment à Toulon, qu’il découvre encore: « Ici, il y a beaucoup de grands joueurs qui ont la culture de la gagne. Depuis six mois, je prends la mesure de tout ce que représente le rugby à Toulon, le fait de gagner des titres, pour la ville, pour les gens, J’aimerais donc gagner un truc cette année. » Arrivé en légère surcharge pondérale de Leicester où il a fait, l’an dernier, sa première saison en Europe après avoir passé l’intégralit­é de sa carrière chez les Sharks de Durban, Pietersen a eu tôt fait de se remettre à niveau parmi les stars du RCT, en suivant à la lettre les programmes que lui avait concoctés Thibault Giroud. Son talent, son expérience et sa polyvalenc­e derrière, où il peut tenir presque indifférem­ment les postes de centre, d’ailier et d’arrière - il n’a pas de préférence et s’avoue même prêt à jouer en dix si cela peut rendre service - ont fait le reste. Alors qu’on craignait à son arrivée une saison en pente douce, on se remet aujourd’hui à espérer une fin de carrière en boulet de canon. On n’en est évidemment pas encore là et Pietersen aimerait jouer encore davantage. Mais, toujours prêt à dépanner, « Jipi » figure de plus en plus régulièrem­ent sur les feuilles de match malgré une concurrenc­e féroce derrière. Presque gêné de ne parler que de lui, Pietersen, tout à la fois humble et discret, détourne le sujet : « Personnell­ement, je suis heureux quand je joue. Je m’entraîne dur pour ça. Je ne suis donc pas encore vraiment satisfait (9 feuilles de match au total pour 543 minutes de jeu, Ndlr). Mais, je tiens à dire que si en ce moment on n’est pas mal, ça n’a rien à voir avec moi. C’est l’équipe qui compte... » rappelle le Springbok aux 71 sélections.

« Le plus important, c’est que l’équipe gagne »

Sans avoir l’air d’y toucher, il a quand même déjà marqué quatre essais qui lui ont fait le plus grand bien en même temps qu’ils servaient les intérêts du RCT : « Tous les ailiers sont contents de marquer des essais, reconnaît-il sans s’appesantir sur le sujet. Ça donne confiance, bien sûr. Mais il faut toujours continuer à travailler et chercher à marquer, car le plus important, c’est que l’équipe gagne. » Voilà pour ce qui concerne son métier, sa vie de champion. Le reste se cantonne peu ou prou à des plaisirs simples et au bonheur de sa famille : « J’aime bien la musique, le cinéma aussi mais le rugby prend l’essentiel de mon temps. En fait, j’aime des plaisirs simples comme faire un barbecue avec les copains, profiter des gens que j’aime, passer du temps en famille... » Et de confesser, tout heureux de devenir bientôt papa. « Je vais avoir une petite fille dans deux semaines ! » Alors comblé ou presque J.P. Pietersen au soleil de Toulon ? Il n’en est pas loin : « Si ma femme est heureuse, je suis heureux » assure-t-il en rigolant, désormais prêt à s’ouvrir encore un peu pour profiter et vivre son expérience à fond. « C’est la première fois que je quitte l’Afrique du Sud. C’est vrai qu’on passe pas mal de temps entre SudAfricai­ns. Le groupe est très internatio­nal, Mais je veux aussi m’ouvrir aux autres, et découvrir une nouvelle culture. Pour cela, j’ai juste besoin d’apprendre un peu mieux le français. » Pour le reste, on va lui faire confiance...

 ?? (Photo Valérie Le Parc) ?? Véritable couteau suisse de la ligne de trois-quarts, l’expériment­é Jon-Paul Roger Pietersen est en passe de se rendre indispensa­ble grâce à son état d’esprit et sa polyvalenc­e.
(Photo Valérie Le Parc) Véritable couteau suisse de la ligne de trois-quarts, l’expériment­é Jon-Paul Roger Pietersen est en passe de se rendre indispensa­ble grâce à son état d’esprit et sa polyvalenc­e.
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