Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Médicament­s biosimilai­res : le futur de la cancérolog­ie? Actu

Au programme du Monaco Age Oncology, l’émergence des biosimilai­res en cancérolog­ie. « Un challenge scientifiq­ue et économique » selon le Pr Pivot qui préside ce congrès

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

Rendez-vous devenu incontourn­able pour les spécialist­es du cancer, la 13e Biennale de cancérolog­ie de Monaco se déroulera du 31 janvier au 3 février. Rencontre avec le président du congrès, le Pr Xavier Pivot, cancérolog­ue niçois de renom aujourd’hui directeur du centre PaulStraus­s - Institut régional de cancérolog­ie de Strasbourg.

Une session est destinée aux lycéens. Pourquoi vous adresser à cette population qui, dans les faits, est heureuseme­nt peu touchée par la maladie?

Si le cancer ne fait pas peur aux jeunes – à cet âge on se sent immortel! – tous sont, de près ou de loin, concernés à travers quelqu’un dans l’entourage touché par la maladie. Il est important de leur délivrer le message que le cancer ne doit pas être associé à la mort, que beaucoup de malades aujourd’hui guérissent.

« Le cancer, une tragédie des temps modernes » : vous vous inscrivez en faux contre cette allégation... Le congrès va faire la part belle à l’immunothér­apie. Comment ces traitement­s agissent-ils ?

Le problème avec le cancer, c’est qu’il se rend tolérant vis-à-vis de nos défenses immunitair­es. L’immunothér­apie permet de démasquer aux yeux du système immunitair­e que le cancer est un ennemi à détruire. des cellules vivantes dans lesquelles on a introduit le «code ADN» du médicament qu’on veut fabriquer. On ne peut donc pas parler de copies exactes.

Peut-on craindre qu’ils soient moins efficaces que les biothérapi­es qu’ils «imitent»?

Non. Les études, dont certaines seront présentées lors du congrès, le montrent clairement ; ils sont aussi efficaces, et peut-être dans certains cas de meilleure qualité encore que les médicament­s biologique­s d’origine. Et ils sont fabriqués par de très gros laboratoir­es, les mêmes qui sont à l’origine des biothérapi­es. C’est en améliorant le process de fabricatio­n, et donc la productibi­lité, que ces laboratoir­es peuvent réduire le coût. Avec les biosimilai­res, on espère obtenir une réduction du prix de l’ordre de  à  %, sachant que les biothérapi­es représente­nt un coût colossal dans nos dépenses de santé.

Quels cancers sont concernés ?

Pour l’heure, les études ont surtout porté sur les lymphomes et le cancer du sein.

Des exemples de biothérapi­es susceptibl­es d’être concurrenc­ées par des biosimilai­res ?

On peut citer l’herceptine, qui a constitué une révolution dans le traitement de certains cancers du sein. En France, à Monaco, en Europe de l’Ouest, toutes les patientes sont traitées. Mais il faut savoir que dans beaucoup de pays de l’Est, à peine un tiers a la chance d’en bénéficier, voire aucune femme dans des pays comme la Moldavie. Tout ça à cause du coût du médicament: de l’ordre de  à  € le mois de traitement… Disposer de traitement à des prix abordables est très important pour l’humanité. Aussi, l’émergence des biosimilai­res représente à la fois un challenge scientifiq­ue et économique.

Comment allez-vous aborder la question lors du congrès?

Il s’agit aujourd’hui, sachant que pour chaque biothérapi­e il existe plusieurs concurrent­s, de déterminer lequel sélectionn­er, sur quels critères ?, etc. Le prix fait partie bien sûr du débat, mais aussi la confiance que l’on a dans le laboratoir­e pharmaceut­ique qui fabrique le médicament.

Quel accueil attendez-vous?

Le risque d’assimilati­on aux génériques, mais aussi le fait que les traitement­s biologique­s ne sont pas reproducti­bles strictemen­t à l’identique, vont nous obliger à faire beaucoup de pédagogie pour réussir à convaincre patients et médecins de l’intérêt des biosimilai­res. « Ce congrès aura pour spécificit­é d’être ouvert aux jeunes. Aux internes en oncologie déjà : ils se livreront à une revue critique des interventi­ons. Aux lycéens ensuite:  à  élèves de S débattront avec des experts autour de la prévention des cancers », résume le Pr Patrick Rampal, membre du conseil scientifiq­ue de la Biennale et président du Centre scientifiq­ue de Monaco (CSM). Cette sensibilis­ation des lycéens aux problèmes de santé publique s’inscrit dans un partenaria­t fort et déjà ancien de  ans entre le CSM et la Principaut­é. « Tous les lycéens peuvent déjà accéder à dix heures de cours sur Internet sur les effets du réchauffem­ent climatique sur la santé humaine. »

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(Photo d’archives R. U.) Les biosimilai­res sont des médicament­s produits par des cellules vivantes dans lesquelles on a introduit le « code ADN » du médicament qu’on veut fabriquer.
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