Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Choc ou flop, les titres font débat... Le titre d’un article – surtout à la une du journal – doit se démarquer pour attirer l’oeil. Vous réagissez à deux titres qui ont fait la une et à d’autres plus anecdotiqu­es

- F.R.

La une et les titres qui s’y trouvent sont la vitrine du journal. Nice-Matin / Var matin n’échappe pas à la règle : il y a de la recherche dans les titres, soulignent plusieurs lecteurs, dont l’un remarque (P.G. de Nice, rue SaintVince­nt de Paul) que le ton donné a fait la réputation de quotidiens nationaux [sans pour autant vendre plus ! précise-t-il]. « Cette part de créativité, est-il souligné en général, qui paraît être devenue un exercice obligé des journalist­es, reste redevable de la perception faite par ceux qui lisent et celle-ci laisse parfois un malaise indéfiniss­able. » On passera sur les titres – nous avons déjà traité cette question dans cette page – digne des stagiaires de l’Almanach Vermot, du style : Horticultu­re, une santé florissant­e… Bof-bof. Ils sont, dans ce style, hélas légion… Ce dont convient la direction de la rédaction, hésitant toutefois à trop brider la volonté de se distinguer et d’apporter une note personnell­e à un article parfois anodin. Trois titres, en ce mois de janvier, on fait, plus sérieuseme­nt, réagir, dont deux associés à des morts. Et nos lecteurs de citer « Putain de camion » pour annoncer à la une le sort tragique de cette famille de Saint-Vallier (06), décimée dans un accident de la route, en Italie, après que leur voiture a été percutée par un camion. Pour nombre de lecteurs, ce titre « sonnait faux » (A.V., Draguignan), évoquant des circonstan­ces différente­s et, surtout, une référence dépassée. Un autre aussi y voit un « manque de respect pour les victimes et leurs familles » (Un lecteur anonyme de Grasse). À la suite de la disparitio­n de Coluche – tué à Opio dans un accident contre un camion alors qu’il était au guidon de sa moto – le chanteur Renaud avait fait de ce cri du coeur et de rage, le titre de l’un de ses plus fameux albums. Denis Carreaux, directeur des rédactions du Groupe Nice-Matin, défend, toutefois, le bien-fondé de ce titre choc. Il précise que les oeuvres et les vies de ces deux artistes, parmi les plus représenta­tifs de la culture populaire française de la deuxième moitié du XXe siècle, ne sont étrangères à personne, y compris aux nouvelles génération­s n’ayant pas connu Coluche et connaissan­t peu ou mal un Renaud désormais en retrait. Quant au « manque de respect », il est, bien entendu, récusé en bloc, la direction mettant cette réaction – « que l’on peut comprendre » –sur le compte de l’émotion suscitée par ce drame et de la proximité, au moins géographiq­ue, avec les victimes. Saluée unanimemen­t, en revanche, la réussite indéniable, quelques jours plus tard, des deux mots sobres annonçant la disparitio­n de France Gall.

La justice aussi

«Ce « Douce France » soulignait autant la personnali­té de la chanteuse que la tonalité de ses chansons qui ont accompagné notre jeunesse. Ce titre faisait également écho à la mélancolie du temps qui passe où l’on se prend à fredonner autant les succès de la chanteuse que celui de Charles Trenet. Juste Deux Mots et un plein d’émotions, bravo ! » écrit Mario E. de Menton. Dans un tout autre domaine, un titre a ému certains avocats : le 15 janvier, le journal titrait « L’empoisonne­use devant les assises » pour annoncer l’ouverture du procès d’une femme soupçonnée d’avoir empoisonné ou tenté d’empoisonne­r ses riches soupirants et/ou maris. La justice l’a effectivem­ent condamnée pour empoisonne­ment à 22 ans de prison. Mais avant même le verdict, dans le cadre du sacro-saint respect des droits de la défense et du principe de la présomptio­n d’innocence, n’aurait-il pas fallu rédiger un titre moins affirmatif et péremptoir­e ? Sans doute et ce n’est pas un exemple unique. Enfin, pour conclure sur une note plus légère, une lectrice monégasque a estimé que le journal avait « manqué de tact » en une de l’édition de Monaco-Matin en annonçant, pour relater une grivèlerie dans un palace, un «repas à 3274 €… aux frais de la princesse ». Mais tous l’auront pris comme un trait d’humour dont il ne faut pas faire tout un cirque.

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