Incompréhensible
Hier matin, deux hélicoptères de l’École de l’aviation légère de l’armée de Terre (EALAT) se sont crashés entre Cabasse et Carcès. Cinq militaires, trois instructeurs et deux stagiaires, ont perdu la vie. Les causes de cet accident restent indéterminées.
À8 h 28 ce vendredi matin, deux hélicoptères Gazelle prennent leur envol depuis leur base du Cannet-des-Maures. Direction le lac de Carcès-Cabasse pour un exercice. À son bord, cinq militaires, trois instructeurs chevronnés, deux stagiaires qui ont déjà plusieurs centaines d’heures de vol à leur actif. Pas un vol de routine. Car la routine n’existe pas à l’EALAT (école d’aviation légère de l’armée de Terre). Comme toujours, rien n’est laissé au hasard. L’unité est considérée, à juste titre, comme faisant parmi de l’élite mondiale de la formation au pilotage. Et les hommes affichent une confiance totale en leurs machines. Ils sont encore en transit, et n’ont pas encore commencé l’exercice lorsque, peu avant 8 h 45, l’impensable, l’effroyable survient. « On a entendu un gros “boum !”, et on n’a pas compris ce qu’il se passait », témoignent deux hommes qui travaillaient près de là. Les deux appareils s’écrasent sur les bords du lac. L’un, disloqué, sur la RD 24. L’autre s’embrase en touchant le sol, dans les sous-bois, à quelques centaines de mètres du premier.
Quentin, Sébastien, François, Stéphane, Patrick
Les secours, civils et militaires, affluent rapidement, en nombre, par les routes ou par les airs. Mais il est trop tard. Les cinq occupants n’ont eu aucune chance, et paient du sacrifice ultime leur engagement dans l’armée de Terre. Le capitaine Quentin Gibert, 29 ans, le lieutenant Sébastien Greve, 30 ans, père de quatre enfants, le capitaine François Mille, 35 ans, père de deux enfants, le lieutenant-colonel Stéphane Chaon, 44 ans, père d’une fille, le capitaine Patrick Vasselin, 52 ans, père de quatre enfants, sont morts en service. Tous étaient mariés. Toute la journée, outre les secours, les autorités civiles et militaires, et de nombreux élus varois, se sont rendus sur site. Ou, comme la ministre des Armées Florence Parly (lire par ailleurs), sur la base du Cannet-desMaures. Les deux maires des communes les plus proches, Carcès et Cabasse, étaient parmi les premiers. Et n’ont pas caché leur émotion. «C’est une scène effroyable. Le périmètre est fermé, il y a des débris partout… Nous pensons aux victimes, aux familles… Les personnels de l’EALAT vivent ici, parmi nous, dans nos villages… », déclarait, visiblement secoué, Yannick Simon. Le maire de Cabasse est lui-même ancien sous-officier de l’EALAT.
Le besoin de comprendre
Cinq familles sont dévastées, la sixième, celle de l’EALAT, est plongée elle aussi dans la plus grande douleur. Derrière la douleur, l’incompréhension est également très forte. Comment cela a-t-il pu arriver ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’enquête privilégie l’hypothèse d’une collision. Pas avec un câble aérien, car aucun n’est sectionné à proximité du site. L’enquête, confiée à la section de recherche de la gendarmerie de l’air s’annonce longue et délicate. Une enquête du bureau enquêtes accident Défense va également être menée. Hier soir, les lieux restaient inaccessibles, et la RD 24 est fermée « pour une durée indéterminée ». Le temps de collecter et d’examiner tous les débris, pour faire toute la lumière sur les causes de cet incroyable drame.