Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quel visage pour la Corse ?

Le 6 février 1998, le préfet Claude Erignac tombait sous les balles de nationalis­tes à Ajaccio, et près de 30 000 Corses défilaient pour clamer leur rejet de la violence. Deux décennies plus tard, les nationalis­tes ont déposé les armes et sont au pouvoir.

- Dossier : P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com Photos : Franz CHAVAROCHE

Le  février , le préfet Erignac était froidement abattu à Ajaccio. En  ans, les nationalis­tes ont pourtant accédé au pouvoir. Hier, ils étaient des milliers de Corses à manifester pour plus d’autonomie avant la venue du Président Macron, mardi. Reportage au coeur d’une île en pleine mutation...

Vingt ans. C’est à la fois très court et... très long. Suffisamme­nt en tout cas pour oublier jusqu’à certaines pages les plus sombres de l’histoire corse. Parmi lesquelles peut-être même l’assassinat de Claude Erignac ! Car si la foule des grands jours sera très certaineme­nt au rendez-vous ce mardi, rue du Colonel-Colonna-d’Ornano, nul doute que ce sera davantage pour écouter le président Emmanuel Macron s’exprimer sur la Corse, que pour célébrer la mémoire du préfet Erignac, tombé le 6 février 1998 sous les balles de quelques nationalis­tes perdus et isolés. Que faut-il attendre de cette visite du chef de l’État? Pas forcément grand-chose. « La Corse est un sujet où il y a plus à perdre qu’à gagner », glisse André Fazi, maître de conférence en sciences politiques à l’université de Corse. Avant d’ajouter: « En même temps, Emmanuel Macron a pour qualité d’être surprenant. » Reste que le coup de poker tenté par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni dans la foulée de leur rencontre décevante avec le président du Sénat, Gérard Larcher, le 23 janvier dernier, n’a pas forcément eu l’effet escompté : si « la mobilisati­on populaire et pacifique » d’hier a donné lieu à l’habituelle bataille de chiffres entre autorités et organisate­urs (lire ci-dessous), la forte disproport­ion entre les deux estimation­s ne plaide pas en faveur du succès éclatant vanté par les nationalis­tes. Ceux-ci pouvaient pourtant espérer une forte mobilisati­on, tant leur victoire a été sans appel aux élections territoria­les de décembre dernier. Et même avant : aux législativ­es de juin 2017, ces mêmes nationalis­tes ont raflé trois des quatre sièges ! Mais dans tous les cas, la liste Pè a Corsica, qui réunit sous une même bannière autonomist­es et indépendan­tistes, est trop disparate pour savoir précisémen­t ce que veulent vraiment les Corses. Juste une plus grande autonomie, ou carrément l’indépendan­ce ? Il est encore un peu tôt pour répondre à cette question. Une seule certitude : au lendemain de l’assassinat de Claude Erignac, l’acte violent de trop, condamné par le plus grand nombre, personne n’aurait imaginé que vingt ans plus tard, les nationalis­tes seraient au pouvoir...

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Avec la aux élections t la questio

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