Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Heureux bachelier, Flaubert découvre Toulon

- NELLY NUSSBAUM

L’histoire du docteur Picaud, baptisé « médecin des pauvres », commence à Nontron (Dordogne), lorsque le 3 avril 1882 Marthe Pabot-Chatelard donne naissance à Raymond-François Picaud. Son père, André Joseph Picaud, est docteur en médecine. Aussi, très jeune, Raymond entre à la faculté de médecine à Paris et obtient son diplôme à 23 ans. Il épouse Marguerite Ducourneau qui lui donne un fils, André. Il passe quelques années dans le cabinet paternel à Nontron où, atterré par la misère de la classe ouvrière, il fonde une société de bienfaisan­ce qui distribue des bons de repas. Mais lorsque Marguerite tombe malade, la famille recherche un lieu où le climat serait plus clément. Pourquoi pas le sud-est ? C’est d’abord à Pégomas que se pose la famille. Raymond exerce son métier et soigne ses patients avec dévouement. Bon médecin et discret, il est souvent appelé auprès de blessés, victimes des fameux « bandits de Pégomas», une bande de malfrats qui, pendant quelques années, a semé la terreur dans la région. Lorsque Marguerite s’éteint en 1911, Raymond et son fils descendent sur Cannes-La-Bocca. Raymond ouvre un premier cabinet Villa Ocram, rue Joseph Barthélémy (aujourd’hui l’immeuble de la Verrerie). En 1914, juste avant d’être mobilisé, il épouse Ellen-Marie Martineau qui lui donnera deux enfants, Simone et Pierre.

À Puget-Théniers, il dirige un hôpital de campagne

Après l’Armistice, il s’installe dans un nouveau cabinet au n° 97 de l’actuelle avenue Picaud à Cannes. À une époque qui ne connaît pas la Sécurité sociale, il soigne les pauvres gratuiteme­nt. En 1919, désireux d’être utile à ses concitoyen­s, il entre en politique tout en continuant d’exercer la médecine. À Cannes, Raymond devient conseiller municipal auprès d’André Capron (maire de 1902 à 1929) et, très rapidement, il accède à la place de 1er adjoint sous Louis Vial (maire de 1929 à 1932). À la Seconde Guerre mondiale, il s’engage et oeuvre dans les services sanitaires, un peu partout sur le front. Il dirige même un hôpital de campagne à Puget-Théniers. Tout au long du conflit, il va avoir un comporteme­nt et un dévouement exemplaire­s envers les réfugiés juifs. Fait prisonnier en Italie, il s’évade et rentre à Cannes en mai 1945. Il est alors élu maire et président du Comité de Libération, ainsi que conseiller général. Dès son installati­on, il crée de nombreuses institutio­ns sociales, la Maison des Jeunes, la Maison de la Mère et de l’Enfant et la première pouponnièr­e. Le maire Picaud est à l’origine de l’aménagemen­t du port, des plages de la Croisette et de la constructi­on de l’hôpital des Broussaill­es. Sans oublier sa contributi­on à l’installati­on du Festival du film à Cannes, grâce notamment à son obstinatio­n à faire édifier le premier Palais des Festivals, appelé Palais Croisette, aujourd’hui remplacé par l’actuel hôtel Marriott. De grandes réalisatio­ns qui ont donné toute son aura à la ville. Il décède le 9 septembre 1950 à Sallanches (HauteSavoi­e), où il s’était retiré, et repose dans le petit cimetière de cette commune. Chevalier de la Légion d’Honneur, décoré de la médaille Militaire et de la Croix de guerre 14/18, ainsi que de la médaille de la Résistance, Raymond Picaud était doté d’une personnali­té exceptionn­elle. Sa droiture, sa gentilless­e et sa faculté à soulager tous les maux, sans barrière de classes sociales, ont contribué à la pérennisat­ion de son souvenir dans la population. L’avenue du Docteur Picaud est l’une des artères principale­s de Cannes qui relie le centre de la ville à Cannes-La-Bocca. Sources : Elles et Eux qui ont fait Cannes, archives municipale­s de Cannes ; Si la Bocca m’était contée, par Pierre Giuglaris, éditions Serre.

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 ??  ?? Portrait du docteur Picaud à  ans, externe à Paris. (Photo de famille Elliot Picaud, © Archives municipale­s de Cannes)
Portrait du docteur Picaud à  ans, externe à Paris. (Photo de famille Elliot Picaud, © Archives municipale­s de Cannes)
 ?? (Photo Bernard de Preville, © Archives municipale­s de Cannes) ?? Un groupe de résistants avec le Dr Picaud (au centre avec une cravate), pendant la Seconde Guerre mondiale.
(Photo Bernard de Preville, © Archives municipale­s de Cannes) Un groupe de résistants avec le Dr Picaud (au centre avec une cravate), pendant la Seconde Guerre mondiale.
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(Photo ©Archives municipale­s de Cannes) Plaque à la mémoire du Dr Picaud, posée sur le mur de son ancien cabinet médical à Cannes-La Bocca.

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